Chacun son métier

Voici le prolongement de la franchise Miraculous, le premier film au budget faramineux de 80 millions d'euros, ce qui en fait le plus gros budget pour un film d'animation français !

Thomas Astruc est le co-créateur et l'un des scénaristes de la série d'animation, tandis que Jeremy Zag est le producteur, mais pour cette fois, Zag est entièrement aux commandes, pour le meilleur et pour le pire !

Autant vous dire que j'attendais ce long-métrage d'animation avec une grande impatience, en vu de mon amour pré-existant pour Miraculous. J'ai d'ailleurs assisté à l'avant-première mondiale au Grand-Rex, le 11 juin dernier.

J'avais comme seul élément requis la qualité du film, pas de ''J'espère que tel élément se produira'' pour ne pas être déçue. Il se trouve que je l'ai quand même été !

Nous sommes dans un renouveau Miraculous, une version alternée selon la vision de Zag reprenant le concept original : deux super-héros protecteurs de Paris, menacés par le Papillon cherchant à tout prix à s'emparer des bijoux magiques accordant leur pouvoirs, les miraculous. Chat Noir et Ladybug ne sont que co-équipiers malgré les sentiments éperdus de Chat Noir envers Ladybug qui rejette ses avances, captivée par Adrien Agreste, un mannequin qui se révèle être le Chat Noir.

Démarrons désormais !

L'animation est clairement ce sur quoi tout a été misé : elle est pleine de détails, texturée, remplie paysages en tout genre, d'éclairages subtils, réalisé avec une minutie évidente. La qualité est au rendez-vous, à un détail près... LA TÊTE DES PERSONNAGES PURÉE !

J'ai énormément de mal à concevoir comment personne ne s'est rendu compte que les personnages étaient entièrement ratés esthétiquement, voire difformes pour certains, mis à part en gros plan. C'est une erreur inconcevable pour quiconque possédant une paire d'yeux, mais pas pour eux apparemment !

Hélas, ce n'est pas tout. Il y a une totale absence de scénario qui fait mal, alors que le concept était si prometteur. Les dialogues sont à peine corrects avec des scènes ''osées'' qui font grand bien à voir, mais l'intrigue est inexistante. Les touches d'humour banales au possible, sonne comme une délivrance, un court moment de répit que l'on a à peine le temps de remarquer qu'il n'est déjà plus.

Les scènes dites d'action sont très brouillons, un effet ''wow'' assuré certes, mais cela en revient à un brouhaha incompréhensible.

Le passé de quelques personnages est survolé de manière mal amené et très superficiel, justifiant leurs actions sans profondeur.

La dynamique du carré amoureux est basée sur des interactions entre les versions civiles et super-héroïques des deux collégiens, pas seulement d'Adrien et Marinnette ou Ladybug et Chat Noir. Marinette et Chat Noir ou Ladybug et Adrien ne se sont même pas rencontrés dans cette version !

Pourtant, l'un des points clefs de la complexité de la relation entremêlée des personnages est d'analyser les comportements des uns et des autres sous leurs différentes formes ! Mais que nenni ici !

Les personnages sont ternis, amoindris. Un véritable crève-coeur.

Un autre problème se pose, l'aspect comédie musical affreusement composé. Le nombre de chansons démesuré efface presque le plus gros problème : les paroles sans queues-ni-têtes ! Aucun sens artistique et on peut ressentir que cela a été composé par nul autre que Jérémy Zag, un amateur complet de ce que j'en vois. Je le plains presque d'avoir du subir ce vacarme quotidiennement.

De plus, le changement de voix passant des doubleurs habituels de la série à celle des chanteurs d'un moment à l'autre est déstabilisant !

Avec tout l'aspect impressionnant sur lequel Jeremy capitalise, je doute de l'exportation du film hors des salles de cinéma, malgré le contrat d'exclusivité avec la plateforme Netflix dès le 28 juillet (9h00).

Pour conclure, je dirais que ce film est regardable de justesse grâce au concept même de la série, mais qu'il ne rend absolument pas justice à la franchise.

Mon interprétation personnelle est que l'on peut voir que Zag adore Miraculous, mais qu'avoir toutes les commandes exécutives tout d'un coup et de vouloir tout faire soi-même était sûrement bien plus qu'il ne pouvait gérer, et c'est entièrement compréhensible.

Si vous êtes un tant soit peu curieux et déjà un fan de la série, allez-y à pieds joints. Autrement, je vous en prie regarder simplement la série dont le film alternatif est tiré.