Sans doute le meilleur Camille de Morlhon que j'ai découvert jusque là. Sur le principe ça reste dans la lignée des précédent films que j'avais pu voir jusqu'ici à savoir une réalisation académique, une photo un peu plate pour une intrigue se déroulant dans des familles bourgeoises pour du mélodrame feutré.
Les premières minutes confirment ce sentiment de "stagnation" avec un casting très proche de celui d'Orage tourné la même année et qui partage les mêmes décors ! Rapidement, tout de même, le film montre une mise en scène un peu plus élaborée avec un certains nombres de montages alternés tandis que le découpage se permet un peu plus de raccord dans l'axe et donc une réalisation moins statique.
C'est surtout au niveau du scénario, écrit par De Morlhon seul, que j'ai trouvé le film admirable. La mise en place annonce un mélodrame tout ce qu'il y a de plus convenu avec son lot de rebondissements largement prévisibles entre le couple improvisé qui va apprendre à s'aimer et le Don Juan qui viendra gâcher leur amour naissant avec tentatives de chantage et d'extorsions. C'est en parti vrai car le script s'amuse volontiers de ces clichés pour les contourner habillement tant pour retarder leurs échéances que totalement les prendre à rebours. Une manière subtile et raffinée d'humaniser les personnages qui n'ont alors plus rien de simples pantins bons à faire pleurer dans les chaumières. Ils se révèlent tous plus riches, nuancés et doté d'un personnalité atypique.
C'est le cas par exemple lors de la réception des deux lettres qu'on imagine être la tentative de chantage mais qui sont des leurres faisant rebondir l'histoire dans une dimension plus intimiste et psychologique. Quant au dénouement, je l'ai trouvé tout simplement génial grâce à sa concision et son originalité :


Plutôt que de subir la pression du maître chanteur, le mari convie toute sa (belle)famille pour leur révéler directement la situation, coupant l'herbe sous le pied à celui qu'il prend pour son rival. Ce qui a aboutit d'ailleurs à l'annonce d'un duel d'honneur au clair de lune dans la vaste demeure du couple... qui sera lui aussi contrecarré par le père du mari qui abat le "méchant" de l'histoire le prenant (faussement naïvement) pour un rôdeur


Dernier point largement positif, la direction d'acteur est une nouvelle fois admirable, donnant au film beaucoup de tendresse et d'humour, justifiant les accélérations du récit dans son dernier acte.

anthonyplu
7
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le 4 janv. 2017

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