Miss Zombie (2013) / 85 min
Réalisateur : SABU (Hiroyuki Tanaka) - 田中博行
Acteurs principaux : Ayaka Komatsu - 小松彩夏 ; Toru Tezuka - 手塚とおる ; Makoto Togashi - 冨樫真 ; Riku Ohnishi - 大西利空.
Mots-clefs : Japon - Zombi - Arty - Suspense.
Le pitch :
Un médecin aisé, sa femme et leur fils reçoivent un jour une mystérieuse cage avec, à l’intérieur, paisiblement assise, une morte vivante. Elle est accompagnée d’une note d’instructions précisant "ne pas lui donner de viande - peut devenir violente" et d’un pistolet au cas où la créature s’en prendrait aux humains. Frottant et nettoyant sans relâche, Miss Zombie devient rapidement la servante docile de cette maison, entraînant au sein de la famille une succession d’événements malheureux et inattendus…
Premières impressions :
Autant le dire tout de suite, le film de zombi, ça n’a jamais été mon truc, c’est même un des seuls genres avec les films musicaux que je fuis comme la peste. Pourtant Miss Zombie m’a rendu curieux grâce à son pitch différent et aux très bons avis de mes éclaireurs habituels sur « senscritique ». Et figurez-vous que j’ai drôlement bien fait de me montrer curieux, parce que même si Miss Zombie n’est pas un chef d’œuvre à mes yeux, j’aime les réalisateurs qui osent des trucs et qui vont au bout de leurs idées.
Déjà le film marque par un choix artistique fort, celui d’un noir et blanc très contrasté, de ceux que l’on voit dans les films d’étudiants, très lumineux, prétentieux, à l’opposé des films sombres de zombis habituels. Miss Zombie n’est pas un film à voir avec deux copains et une pizza, mais bien une œuvre qui demande de se poser. Il y a peu de musique, le rythme est très lent et la réalisation tient vraiment du film arty. En fait, c’est tout le film qui est construit en opposition, en renversement des codes. D’ailleurs, le cadrage comporte de nombreux effets de miroirs très bien réalisés qui n’ont de cesses de nous rappeler l’inversement des rôles.
Ici le personnage principal, l’héroïne, c’est la zombie. Et c’est une vraie zombie, elle bouge lentement, elle ne parle pas, elle affiche constamment la même expression et pourtant, SABU réussi à créer de la compassion pour le personnage. Mieux, le personnage devient même beau au travers de ses cicatrices. Et tout ce sentiment se crée chez le spectateur en opposition aux agissements des humains de leurs comportements abjects. Plus intelligent encore, ces hommes sont aussi fascinés par la zombie que nous-même, sorte de mise en abîme du spectateur.
Hélas, toutes ces bonnes idées sont au service du vide. Si le film comporte un sous texte, une quelconque critique de société, je ne l’ai pas vu. Bien entendu, comme tout film de zombi, on peut éventuellement y mettre une sorte de critique sociale, certains iront même parler de féminisme, mais tout ça tiendrait surtout de la sur interprétation à la française. Clairement le film n’a aucun second niveau de lecture, il est totalement premier degré et tous les éléments sont donnés à l’écran de façon évidente.
Si on peut souligner la très bonne idée de renversement des codes, on ne peut qu’être déçu devant la linéarité du scénario. Le film manque totalement de retournement de situations. Il glisse lentement vers une ambiance lourde qui ne nous amène qu’à une fin ultra basique, voire franchement ridicule et complètement dénuée de tension. Et cette fin ratée me donne un arrière goût de « tout ça pour ça ». C’est d’autant plus frustrant que la réalisation a les défauts de ses qualités, car SABU en fait beaucoup trop dans la lenteur. Alors oui, le rythme ultra-lent nous met dans l’ambiance, mais j’ai quand même dû sérieusement appuyer sur l’avance rapide pour ne pas roupiller.
En fait je crois que le film m’a perdu quand il est redevenu un film de zombi, quand il a abandonné sa promesse de sous-texte, quand le « trop », le « pas assez » et le « ridicule » a fait exploser la sensibilité du drame que je voyais poindre. Quitte à mettre de la violence, j’aurais voulu qu’elle soit sale et abrupte, à la manière d’un film coréen. Parce que la violence psychologique de la première heure demandait une explosion et pas un malentendu.
Pour conclure, Miss Zombie est un film que suis heureux d’avoir vu, car il propose une belle alternative, mais qui en même temps m’a énormément frustré par son potentiel dramatique trop mal exploité. Son rythme lent et son scénario limité ne plairont clairement pas à tout le monde. Toutefois, Miss Zombie mérite d’être découvert ne serait-ce que pour son approche singulière et pour l’interprétation de zombie sans âme et pourtant sensible d’Ayaka Komatsu. Ainsi, j’invite les cinéphiles à jeter un œil à cette œuvre étrange et à venir partager leurs avis