Encouragée par l’accueil très positif et couronné de succès au box-office de Mission Impossible 4, une suite des aventures d'Ethan Hunt est immédiatement mise en chantier.

Déjà impliqué dans les réécritures du 4, Christopher McQuarrie revient cette fois-ci avec la casquette de réalisateur ainsi que de producteur, aux côtés de Tom Cruise, fidèle à ses postes. Côté cast, on notera d’abord le retour de Simon Pegg, devenu aux côtés de Ving Rhames un des plus grands habitués de la franchise, mais aussi de Jeremy Renner. C’est au niveau des ajouts que le film va se démarquer notamment avec l’introduction d’Elsa Faust, une espionne britannique incarnée par Rebecca Ferguson.

La production attirera l’attention des médias grâce à une très impressionnante séquence de tournage, confirmant cette volonté de la prod de concocter des scènes mémorables impliquant un Tom Cruise physiquement investi à 200% dans une cascade qui terrifierait le commun des mortels, volonté déjà affirmée avec, entre autres, l’incroyable scène du Burj Khalifa dans l’opus précédent. Un soin qui sera apporté pour chacun des grands actes de ce MI5, depuis une séquence à l’Opéra jusqu’au final en passant par une séquence sous-marine (Tom Cruise appris à tenir sa respiration plus de 3 minutes mais son coach aurait affirmé qu’il pouvait parfois tenir jusqu’à 6) ou une course-poursuite endiablée dans les rues de Casablanca.

À sa sortie, les avis sont en très grande majorité positives, saluant ce nouvel opus de la saga pour sa capacité à se surpasser afin d’être encore plus divertissant et impressionnant que ses prédécesseurs, tout en conservant une efficace formule devenue classique - peut-être trop selon les retours moins enjoués, aux côtés d’un méchant peu mémorable ou d’une histoire jugée générique. Rebecca Ferguson et son personnage Ilsa sont également grandement loués, tant par les critiques que par le public.

Un public fidèle au rendez-vous dans les salles par ailleurs, puisque même si le film fait un peu moins que l’opus précédent (692M$ mondialement), il engrange quand même près de 682M$, confirmant par la même la bonne stabilité de la franchise presque 20 ans après son arrivée dans les salles obscures, et sécurisant à son tour une suite.

L’histoire de ce MI5 démarre par l’interception d’une cargaison de gaz toxique destinée à un groupe terroriste et qu’Ethan Hunt pense avoir été vendue par le Syndicat, une nébuleuse organisation criminelle dont il tente désespérément de prouver l’existence. Une mission qui attirera les foudres d’une commission du gouvernement américain pour qui c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase de l’ingérence de l’IMF, mais surtout de ladite organisation et de son maitre à penser, qui vont forcer Hunt à retourner en mode rogue. Afin d’identifier ces derniers sans tomber entre les mains de la CIA chargée de le traquer, il devra compter sur l’aide de ses fidèles compagnons, mais aussi celle d’une mystérieuse espionne.

Un opus que j’avais énormément apprécié à sa découverte, et que j’apprécie toujours dans le cadre de cette rétrospective même si je me sens moins dithyrambique à son égard.

Le film fait grosso modo plus grand, plus généreux que le 4, mais souffrant de quelques essoufflements et facilités. Hunt/Cruise brillent comme à leur habitude mais c’est sans compter sur le reste de son équipe entre l’attachant Benji/Simon Pegg ou un Jeremy Renner et son agent Brandt, certes retiré du terrain mais plongé en eaux troubles façon double jeu.

C’est cependant peu de choses comparé à LA meilleure chose de cet opus : le personnage d’Ilsa Faust et son interprète, Rebecca Ferguson. C’est simple : c’est le parfait alter ego d’Ethan Hunt : douée, maline, charismatique, au passé à priori douteux sauf si on connaît le passé de Hunt, elle vole l’écran dès qu’elle apparaît et l’alchimie entre Ethan et elle est savoureuse à voir, son rôle dans l’intrigue permettant en plus d’apporter du piment à une formule qui parvient une fois encore à rester efficace même si elle frise systématiquement une forme d’académisme.

On démarre fort dès la scène d’intro. Parce que c’est finalement assez succinct et sans développement au préalable, ça n’a pas la beauté ni les enjeux de la scène du Burj, mais voir Cruise décoller à 1500m accroché contre la carlingue extérieure d’un avion a de quoi débloquer la mâchoire de n’importe qui, tant ça force le respect.

Chacun des gros morceaux brilleront par leur maitrise, ça s’enchaîne avec une telle simplicité que c’en est effrayant mais parfois ça va un peu trop loin. Il y a au moins une cascade qui, malgré les nombreux passages où Hunt se rapproche de la mort, me sort toujours de l’intrigue tant sa violence est incompatible avec l’état de nos protagonistes lorsqu’ils en sortent.

On évitera de ressortir la critique facile du « si on y réfléchit bien les tenants et aboutissants de cette intrigue n’a quand même pas beaucoup de sens » et on appréciera le découpage du film qui se permet de proposer un final plus calme comparé au reste, déjà bien gonflé d’adrénaline et qui prend le temps de montrer l’importance de la conclusion puisqu’il faudra prévoir le retour de son élément central dans le prochain opus.

C’est aussi le film dans lequel la méta de l’agent plus fort que l’agence prend une dimension quasi-comique. Pour le meilleur comme pour le pire, c'est une preuve supplémentaire de la prise de confiance de la franchise dans ses propres racines comme ses références et c'est appréciable en soi.

Dans l’ensemble c’est très propre, bien filmé, bien rythmé, souvent récréatif, parfois drôle, rarement bien grave, mais qui se conforte peut-être un peu trop dans cette sempiternelle quête d’équilibre, au point où quelques (très) rares passages paraissent ridiculement miraculeux et impossiblement vraisemblables. Avec le recul il m'a cependant pas autant emballé que les fois d'avant, et de fait je le situerais désormais un micro-pouce en-dessous du précédent (mais en vrai c'est kiff-kiff).

Chernobill
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2015

Créée

le 3 juil. 2023

Critique lue 39 fois

1 j'aime

4 commentaires

Chernobill

Écrit par

Critique lue 39 fois

1
4

D'autres avis sur Mission: Impossible - Rogue Nation

Mission: Impossible - Rogue Nation
Sergent_Pepper
7

Rien de neuf, un effet bœuf.

Le plaisir éprouvé devant ce cinquième opus de la saga occasionne un questionnement légitime : comment expliquer qu’on puisse se satisfaire de l’inertie d’un tel cahier des charges lorsqu’on fustige...

le 12 août 2015

108 j'aime

9

Mission: Impossible - Rogue Nation
zombiraptor
8

Tom, sweet Tom

Rarement je n’ai été si reconnaissant envers le cinéma d’action actuel d’être ce qu’il est. C’est grâce à une uniformisation constante et résignée dans la surenchère et l’euphorie du second degré...

le 15 août 2015

93 j'aime

42

Mission: Impossible - Rogue Nation
SanFelice
7

Ethan Hunted

Christopher McQuarrie est le scénariste de Usual Suspects. Rien que pour cela, il mérite toute ma sympathie. Ayant aussi écrit le précédent Mission impossible, il a toute mon attention pour ce film...

le 13 août 2015

44 j'aime

12

Du même critique

Conjuring - Sous l'emprise du diable
Chernobill
3

Sous l'emprise de la médiocrité - Spoiler alert

Purée cette catastrophe.... Après deux Conjuring de très bonne facture grâce à un réalisateur qui savait quoi faire, quoi raconter et quoi filmer, en voilà une belle chute. Parce que les scénaristes...

le 4 juin 2021

26 j'aime

1

Space Jam : Nouvelle Ère
Chernobill
1

L'Art de ne même pas savoir exploiter la nostalgie

Ben voilà... Presque 25 ans après un film qui n'avait de base pas eu grand chose pour lui autre qu'être une pub déguisée avec des cartoons dedans, Warner Bros tente de redonner un second souffle au...

le 16 juil. 2021

8 j'aime

Dune
Chernobill
8

Valar Morghulis (sic)

Je l'ai attendu avec beaucoup de curiosité ce Dune. Dès les premières images officielles, je sentais que j'allais être comblé. Après tant d'attente, force est de constater que oui : j'ai passé un...

le 15 sept. 2021

7 j'aime

4