Peut on vraiment taper sur Mommy après qu'il ait été autant porté aux nues ?
La réponse est "Oui", et a vrai dire c'est encore meilleur comme ça.
Je suis ignoble. De rien, ça me fait plaisir.

Dans Mommy, nous sommes dans un Canada alternatif, sûrement dystopique. D'ailleurs on fait passer des lois permettant de laisser ses enfants aux services hospitaliers, comme ça sur un coup de tête et sans l'avis d'un médecin.
Et donc on l'annonce directement au tout début du film.
Gros clignement d’œil, "Oh mais que va t'il se passer dans ce film ?"

Dans Mommy, les gens s'abreuvent de musique ignoble, écoutent encore Blue en 2015 ( oui oui blue, vous savez I'm blue dabedi dabedaaa dabedi dabedaaa , ce Blue la), se la donnent sur Vivo per lei et Celine Dion et se finissent sur Llana del Rey. Et puis Color Blind de Counting Crow ( deja entendu dans Cruel intention )... et puis Wonderwall de oasis . C'est original, personne n'a jamais entendu cette musique un demi milliard de fois.
Gros clignement d’œil, on parle de gens simple de la vraie vie tu vois et du coup ils ont un peu des goûts de beauf. Forcement. Personnellement cela me fait sortir direct du film quand la BO est quasi composée que des pires bouses commerciales des 90's .

Dans Mommy on est souvent a la limite de la caricature, les personnages, comme les situations.
D'un cote la mère courage pas super maline qui se fringue comme une adolescente , qui enchaîne les petits boulots/ et profite de sa plastique pour faire passer ses retards a répétitions. Finesse. De l'autre, la mère dépressive / coincée / éduquée, en congé sabbatique après un nervous breakdown.
La première n'arrête jamais de parler pour remplir le vide l'autre est bègue, comme ça quand elle parle ce n'est que pour dire des choses importante. Pour couronner le tout, la taiseuse est aussi prof ce qui arrange nos petites affaires. Si elle avait été charcutière c'eût été ballot.
Il est de bon ton d'avoir des personnages aux caractères opposés, mais ici Dolan en fait des archétypes, c'est lourdingue, cela rend tout prévisible et téléphoné.

Dans Mommy il y a le fils a problème, tour a tour énervant, touchant, énervant, imprévisible, énervant.
Et accessoirement il étrangle sa mère, vole dans les magasins et brûle a 75 % le visage du petit Kevin Julien.
Ce dernier point est important pour l'histoire car c'est de cet événement que tout découle ensuite :
Steeve se fait virer de son centre spécialisé et sa mère est mise en demeure de payer des sommes énormes pour réparation.
Mais la victime est affublée d'un patronyme ridicule, n'est jamais montrée, on ne voit pas sa souffrance (accueillie par une boutade par la Mommy en question). Résultat, Steeve est un danger ambulant mais comme la question de la victime est passée a la trappe, cela passe mieux et favorise l’adhésion du spectateur.
C'est un vieux truc de scénariste, et ça marche plutôt bien ici.
Mais cela reste de la bonne vielle manipulation de bas étage !

Dans Mommy je découvre trois grands acteurs, vraiment capable de subtilité, de faire passer beaucoup a la fois dans l’exubérance et la retenue. A eux trois ils sauvent le film, il aurait pu être ridicule, totalement raté. Ce n'est pas le cas.

Dans Mommy il a le fameux format d'image carré, qui favorise l'ambiance oppressante globale, de par la plus grande difficulté de filmer des plans large. Et donc de souligner qu'il n'y a pas échappatoire possible pour les protagonistes, qu'il n'y a pas d'espoir, qu'ils sont condamnés aux parking de fast food et de pôle emploi. Yep ça marche c'est sur. Au point que lorsque le format change, et que Dolan nous abreuve de clichés faciles ( plan large sur une autoroute, plan large sur la plage, et la vie rêvée de Mommy qui se déroule en rêve ) c'est un moment de soulagement intense, et O combien artificiel.
Il y aurait eu des milliers d'autres manière de faire passer ça. La solution choisie par le réal n'est pas qu'anecdotique et prétentieuse, elle est aussi éprouvante.

Devant Mommy il y avait dans la salle au moins un spectateur qui est ressorti énervé et ennuyé que ce film, cet enchaînement de clichés au traitement si lourd, ait pu être encensé partout. Et quant a la magnifique histoire au delà des grosses casseroles que se traîne le film ? L'histoire reste belle et tragique, touchante, émouvante malgré tout. Mais la réalisation lourdingue et téléphonée m’a empêché de rentrer totalement dans l'histoire.
pumpkin_head
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le 23 févr. 2015

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pumpkin_head

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