6 mois après l’avoir vu en salle, je n’ai toujours pas envie de parler de ce film. Mais c’est après m’être rappelé que Mon Roi, dernier film de Maïwenn, était nommé aux césars que je me sens obligé d’écrire quelque chose.


Pourtant, je partais d’un bon à priori, le thème du film est moderne et est encore trop peu représenté. La violence conjuguale au sein d’un couple et notamment psychologique est un sujet fort et peut à mon sens faire de très bon films. Mon roi, c’est donc l’histoire d’un couple, Tony et Gorgio (respectivement joué par Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel) qui vont s’aimer, se détester puis se déchirer. Comme 99% des histoires de couples au cinéma me direz-vous. Sauf que non, Mon roi a pour vocation de parler de déséquilibre dans le couple et de violence psychologique. Le problème vient donc de Gorgio qui s’avérera manipulateur, jaloux, possessif et qui au fur et à mesure accroitra son emprise sur Tony qui finira brisée par cette relation toxique.
En somme un pervers narcissique. Sauf que.


Car le problème que j’ai avec ce film est qu’il y a un gros MAIS. Je suis sorti de la séance avec ce sentiment étrange d’avoir assisté plus qu’à un mauvais film, à un film dangereux. Parce que si le rôle des 2 personnages principaux et leurs actions semblent bien définis sur le PAPIER ; Gorgio est le bourreau, Tony la victime ; en l’état il n’en est rien. Vincent Cassel pendant l’ensemble du film a le beau rôle, c’est-à-dire qu’il fait du Vincent Cassel, charmeur, charismatique, flamboyant et est moteur des moments « drôles » du film (cf les rires de la salle). Tandis que Tony est la plupart du temps montrée sous anti-dépresseurs, apathique ou hystérique.


Sacré déséquilibre pour un film qui veut justement parler de rapports de domination, non ?


Mais là où le film me met vraiment en rage, c’est qu’il donne l’illusion qu’il n’y avait qu’une façon de traiter ce problème. Car au fond, on pourrait se dire qu’il est difficile de montrer le côté positif d’une victime constamment rabaissée par son conjoint. Et puis j’ai vu Jessica Jones.


Et je me suis rendu compte que tout ça c’était des grosses conneries. Qu’il était facile de montrer comme dans Jessica Jones, une femme qui même brisée essaye de survivre après un traumatisme, et qu’il était peut être encore plus facile de montrer l’aspect égoiste et détestable d’un pervers narcissique. Et ce n’est pas les dernières scènes laissées miraculeusement à Emmanuelle Bercot qui me dissipera mon malaise. Mon roi est au mieux un film incroyablement maladroit, au pire qui glorifie le contraire de ce qu’il veut dénoncer. Dans les 2 cas, c’est un film qui me donne viscéralement envie de gerber.

Pendrago
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le 27 févr. 2016

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