Monique
5.6
Monique

Film de Valérie Guignabodet (2002)

Monique par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Alex est au plus bas moralement, son fils vient de partir en vacances et Claire, sa femme, quitte le foyer conjugal. Dans un état de profonde déprime et s'éveillant à la solitude, Alex va tenter de noyer cette déprime soudaine en commandant par internet de l'alcool. Mais le pauvre homme n'a pas les idées très claires et lorsque les livreurs lui amènent une immense caisse en bois, sa surprise est grande. C'est en l'ouvrant qu'il constate une erreur dans sa commande puisque cette fameuse caisse loin de contenir des bouteilles abrite une magnifique femme artificielle en silicone, aussi vraie que nature à la vue comme au toucher. Alex, d'abord révolté, va petit à petit se laisser séduire par cette super poupée qu'il va baptiser Monique. Il va alors s'isoler de sa famille, de ses amis et de son travail afin de vivre intimement avec sa poupée. Il l'habille à son goût selon ses fantasmes, lui parle de tout, surtout d'amour et vit en fonction d'elle. Alex retrouve la gaieté grâce à Monique, et redevient équilibré et ordonné au grand étonnement de ses proches...


En réalisant son premier long métrage, Valérie Guignabodet se livre à une étude acide d'un couple en état de crise. Chacun est insatisfait d'une monotone routine et le départ du fiston en colonie de vacances va être l'élément déclencheur de cette déchirure, le couple se retrouvant alors tout seul pour assumer cet ennui. Claire ne supporte plus cette situation et quitte subitement Alex. Celui ci ayant reçu, à la suite d'une méprise cette fameuse poupée Monique, tellement belle et tellement naturelle, va se réconcilier avec la vie. La poupée est à son goût puisqu'il peut enfin avoir auprès de lui une femme qui ne le contrarie pas. Il peut ainsi assouvir ses fantasmes la montrant partout, lui achetant de la lingerie sexy et de fort beaux vêtements, la maquillant et la coiffant selon son humeur du jour... ou de la nuit. Alex change du tout au tout puisqu'il refait sa maison, passe l'aspirateur et se sert du torchon à vaisselle. Mais même les plus belles choses peuvent avoir leurs revers, les copains d'Alex commencent à l'envier et aimeraient également profiter de la belle, alors que les femmes deviennent jalouses de Monique, en particulier Claire, ébahie par le changement que cette poupée a provoqué sur le comportement de son époux. Mais cette superbe poupée si désirable et tant convoitée continuera-t-elle à semer le trouble autour d'elle? Victor et Claire tireront-ils une leçon salvatrice de cette expérience?


Par cette fable, Valérie Guignabodet nous amène avec un humour sarcastique à nous poser la question sur le devenir d'un couple dont les protagonistes n'ont plus rien à apprendre l'un de l'autre. Même si ce sujet fut maintes fois traité à l'écran, il faut avouer que la réalisatrice nous développe son idée sur cette question de manière certes un peu outrancière mais satyrique et originale. Il faut reconnaître que le message est vraiment passé avec ce film, d'autant que Valérie Guignabodet évite avec une certaine adresse l''idée de l'homme macho face à la femme objet. En fait, celui qui se révèle grâce à cette poupée toujours consentante et contente est bien Alex, remarquablement interprété par Albert Dupontel, d'abord tourmenté puis heureux de vivre et enfin amoureux. Partant de là, la jalousie et la séparation peuvent-elles arranger les choses? Pourquoi pas si après avoir médité, un retour, suite à un échec conjugal, peut déclencher un nouvel élan salvateur? A savoir si la très naturelle et charmante Marianne Denicourt le pensera ainsi... Pour accompagner le tout, les images sont fort belles et très "colorées". Et le rythme speed de ce film ponctué d'une musique tonitruante mérite franchement que l'on s'y intéresse même si le final tombe dans le conventionnel et le théâtre de boulevard.


Voici un film gentiment grinçant sur un sujet sensible dont la réalisatrice, pour une première, s'est fort bien acquittée de sa tâche malgré quelques petites maladresses s'attachant à vouloir donner à tout prix un style hyper branché. De plus, la pulpeuse Monique mérite le coup d'oeil, vu qu'elle n'est pas si mal... sous tous rapports !

Grard-Rocher
8
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le 2 juil. 2013

Modifiée

le 2 juil. 2013

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