Le charme désuet mais charmant de la comédie des années 60 issue du théâtre de boulevard avec un Jean Gabin taillé sur mesure.
Gabin, c'est l'homme caméléon qui s'adapte à la situation en passant de l'état de banquier à celui de casseur puis majordome en passant par la case "cocu à titre posthume".
Et en effet il a bien dû faire chacun de ces métiers au cinéma. Très crédible, comme d'hab dans chacun de ses rôles.
En somme, le film "Monsieur" est un petit concentré de la carrière de Gabin ; une fois le scénario bâti, il suffit de l'habiller avec les acteurs ad hoc dans leur meilleur rôle-type. Et face à un Gabin, il faut des seconds rôles à sa mesure. Faute de quoi, le film n'est plus qu'un one-man-show.
Par exemple, Gabrielle Dorziat en belle-mère, pique assiette aux doigts crochus, qui tente de manipuler le notaire pour en savoir plus sur l'héritage. Excellente.
Henri Crémieux en époux de la belle-mère, homme soumis à la dure loi de sa femme, qui tente de faire semblant d'exister mais ne trompe personne. Excellent.
Gaby Morlay dans un rôle de mère et grand-mère, détrônée par la belle-fille qui porte désormais son nom. Elle tente de justifier son existence en jouant les surveillantes d'arrière-garde acariâtre et ridiculement exigeante. Excellente.
Mireille Darc, en prostituée au grand cœur ou en femme de chambre est peut-être un peu moins réussie mais son rôle n'était peut-être pas si facile. Cependant elle fait le job et est charmante.
Philippe Noiret dans son rôle de big boss d'une entreprise, mariée à une ancienne hôtesse de l'air (Liselotte Pulver) me semble manquer un peu d'étoffe pour le rôle. D'ailleurs il a 34 ans dans la vraie vie et ici, il est censé avoir des enfants entre 17 et 20 ans...
Et puis il y a les petits rôles tenus par Jean-Pierre Darras, Andrex ou Jean Lefèvre. sans oublier l'inénarrable Marcel Perès qui contribuent à pimenter le brouet.
Ce genre de comédie tient aussi par la qualité des dialogues qui amène un peu de satire, un peu de critique de la " bourgeoisie" et de ses travers comme la fausse connaissance superficielle, notamment dans les diners mondains où les âneries répondent aux bourdes sans que personne n'en soit gêné (sauf peut-être le majordome qui écoute et n'en pense pas moins).
A la fin, c'est un peu du grand n'importe quoi mais ce n'est pas grave, le spectateur rit une dernière fois des travers de tous les personnages réunis pour que tout puisse rentrer dans l'ordre une bonne fois autour d'un nouveau testament.
Le charme désuet mais charmant et bien sympathique de la comédie des années 60, c'est sans prétention et ça fait passer un agréable moment. Pourquoi s'en priver.