C'est amusant, on a dans ce rôle de Chaplin du tueur en série escroc et voleur de veuves, une sorte de Charlot d'après-guerre, que la brutalité de la guerre a rendu sinistre et cynique. Toujours survivant à sa manière, mais cette fois-ci par le meurtre et par le vol. Toujours comique, mais cette fois-ci dans l'humour noir plutôt que dans le burlesque.
Dommage : le récit est un peu mou et répétitif, et lorsqu'un enjeu apparaît pour susciter l'intérêt du spectateur, il est en général très classique (le coup maintes fois repris du verre de vin empoisonné dont on se demande s'il va être bu, le coup de l'échange des verres, le coup du risque d'être reconnu par quelqu'un et le cache-cache habituel... bref des choses assez courantes au cinéma). Un bon éclat de rire néanmoins lorsque cette pauvre femme de chambre voit ses cheveux se décomposer tandis que notre Charlie se croît mortellement empoisonné.
J'ai trouvé un peu trop facile également le discours final de Charlie, et finalement je ne sais pas s'il a voulu dans ce discours communiquer quelque chose qu'il pense vraiment, ou juste rendre son personnage crédible jusqu'au bout. Il est un peu rapide de justifier un meurtre sous prétexte qu'il existe des guerres. Et si, au prétexte qu'il existe des guerres un peu partout dans le monde, nous nous mettions tous à assassiner nos voisins pour les dévaliser, je me demande bien dans quel monde nous vivrions.