Ni réussi, ni raté, ce film se situe dans la catégorie la pire : celle du milieu, de la moyenne, du sans plus, bref, de l'indifférence. On l'oublie aussi vite qu'on l'a vu, et les pérégrinations des deux jeunes héros, embarqués dans un récit parfois un peu trop rocambolesque, passent à la trappe dès que l'on sort de la salle.
Pourtant, "Moonrise Kingdom" était prometteur : ovationné à Cannes, Wes Anderson, considéré comme le petit prodige du cinéma américain indépendant, semblait avoir réalisé une pépite. Il n'en est rien...
Certes, l'humour est présent, par petites touches, mais il est faiblement distillé au sein d'une esthétique vieillotte qui ternit le tout. L'absurde, le ridicule et le côté "loosers magnifiques" des personnages, ingrédients qui étaient parfaitement intégrés au génial "Darjeeling limited", se trouvent ici noyés sous une vague d'ennui gentillet. Pas de mordant, pas d'originalité non plus, juste une platitude et un léger manque d'intérêt.
Retomber en enfance ? Cinq minutes, ça passe, mais 2h, ça commence à faire long : sur une trame de chasse au trésor géante, doublée d'une resucée de "La guerre des boutons", le film s'agite vainement, et les acteurs sont scandaleusement sous exploités, entre un Bill Murray mollasson, et une Tilda Swinton réduite au rang de figurante.
Ce que les frères Coen auraient pu sublimer par un humour "minable" dont eux seuls ont le secret, Wes Anderson l'a banalisé, en signant un film qui plaira aux enfants en quête d'aventure et de tendresse. En somme, c'est mignonnet, mais fatiguant, et ça ne mérite vraiment pas tous ces honneurs.