Ron Perlman n'a pas marché sur la lune, mais sur la face de ses adversaires

Les américains ont-ils vraiment marché sur la lune avant les russes, où Stanley Kubrick a mis en scène cet événement ? Cette théorie sert de base à cette fantaisie pop psychédélique, mais au délire trash sous contrôle. Ce premier film d'Antoine Bardou-Jacquet est prometteur, mais pêche par un scénario manquant de consistance.


L'idée est intéressante, mais l'exécution moins convaincante. l'introduction est prometteuse et le générique est dans la même lignée. Cela semble bien déjanté et sortir de l'ordinaire. La curiosité du début va doucement s'estomper, même si quelques éclats signé Ron Perlman, réussit à captiver notre attention. Mais en dehors de sa fabuleuse prestation, on s'ennuie un peu. Cela ressemble surtout à un éventail des talents de réalisateur d'Antoine Bardou-Jacquet. Il faut dire qu'il est doué et semble à l'aise dans tout les styles. C'est le côté visuel du film qui frappe en premier, avec aussi les poings de ce cher Ron.


Le pitch a de la gueule, mais le récit est classique. C'est du déjà vu et revu. On a même l'impression d'être dans un film de Guy Ritchie, mais la réalisation est moins tape à l’œil et plus digeste. La présence de Robert Sheehan (Nathan dans la série Misfits), peu convaincant en amateur de substances illicites, n'aide pas à rendre l'ensemble sympathique. On s'ennuie en attendant que les divers protagonistes se croisent et se mettent enfin sur la gueule, voir plus si affinités. Puis doucement, mais follement, cela part enfin un peu en vrille. Le tournage sous la direction de Renatus (Tom Audenaert), offre quelques bons moments, même si cela reste encore brouillon. Le fait d'avoir Ron Perlman constamment sous nos yeux, permet de jouer de son caractère explosif, alors que le réalisateur est un visionnaire dégénéré. Robert Sheehan profite de ce choc des personnalités, pour enfin nous dérider avec le soutien de Rupert Grint, qui sert surtout de faire-valoir.


Ron Perlman se régale en jouant de son physique et en démontrant sa capacité à être drôle. Quand on se penche sur sa carrière, on se rend compte que la comédie n'a pas fait appel à ses talents. C'est une belle erreur, qui est enfin réparer avec ce film. Sa gueule lui a permis de se faire remarquer par Jean-Jacques Annaud pour La Guerre du Feu. Il deviendra un de ses acteurs fétiches, comme avec Jean-Pierre Jeunet et Guillermo del Toro. On le retrouve souvent sous un costume dans la série La Belle et la Bête, puis Hellboy. Mais il a aussi démontré sa capacité de jouer avec ses émotions, comme dans les séries Sons of Anarchy et Hand of God. Bien sur, son rôle d'agent de la CIA traumatisé par la guerre du Vietnam, ne fait pas dans la subtilité quand il croise une bande de bikers dans les toilettes. Dans ce déluge de violence filmé avec élégance et quelques ralentis bien sentis, il apporte toujours une touche d'humour. Ce cocktail sang et sourire, marche bien, surtout que la musique est en osmose avec l'image. On regrettera que ce procédé ne soit pas plus exploité et qu'il faut attendre la demi-heure finale pour avoir une bonne dose de folie communicative. On reste aussi dubitatif devant le clap de fin, comme si le scénariste Dean Craig était à court d'idées pour conclure correctement le film.


Pour un premier film, Antoine Bardou-Jacquet s'en sort bien et avec un scénario plus consistant, il pourrait nous offrir de belles œuvres bien barrées. Ron Perlman met tout le monde ko, au sens propre comme au figuré. La séance n'est pas désagréable, mais cela manque d'humour dans sa première heure, avec cette impression qu'il y avait mieux à faire avec cette histoire, dommage.

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le 8 mars 2016

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Laurent Doe

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