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Était il possible à Kenneth Branagh de faire encore pire que son adaptation du Crime de l'Orient Express ? (il y eut un film entre les deux je crois mais j'ai eu la chance de ne pas le voir).

Non seulement il souffre du même défaut central : la version Branagh du personnage d'Hercule Poirot, dont le réalisateur-interprète semble toujours plus décidé de faire un croisement entre Sherlock Holmes et Mike Hammer, mâtiné d'un peu de Derrick dans ce film pour son air souvent morno-taciturne (aux antipodes du génial Poirot truculent d'Ustinov, sans pour autant ressembler aux plus froids et déterminés que jouèrent Albert Finey ou David Suchet ; ni à grand chose en fait à part d'autres héros de fiction n'ayant rien à voir), mais encore plus que dans le film précédent il est Le personnage central d'une histoire qui s'intéresse plus aux origines de sa moustache qu'à l'intrigue du livre adapté. Et pas tellement plus à tout ce qui pourrait la nourrir cinématographiquement (hors quelques jolis plans aériens pour rappeler qu'on est dans un navire circulant au milieu de décors évoquant l’Égypte, mais hélas...).

En parlant décors c'est un aspect que j'ai trouvé particulièrement raté, pour un film dont le charme devrait être l'exotisme suranné couleur locale, les pyramides (et la plupart des choses extérieures au navire) réussissent l'exploit de sentir à la fois le fond vert et la maquette ou la réalisation informatique à plein nez. Quant au bateau il m'évoque tellement un ferry du Mississipi pour son extérieur, et un Titanic recouvert de baies vitrées pour son intérieur, que j'ai été surpris d'apprendre au détour d'un article sur le film qu'il soit basé sur un réel navire de croisière sur le Nil. En tout cas ce n'est certainement pas celui décrit par Agatha Christie dans un livre où l'agencement des cabines, sur un pont unique, est un élément essentiel à l'intrigue, ce que ce film décide d'ignorer jusqu'à l'incohérence.

Quant à l'interprétation s'il pourrait être sévère de reprocher à Branagh, de ne pas jouer correctement son Sherlock Hammer de pure composition, elle montre chez les autres des écarts qui semblent plus involontaires avec leur rôles, jusqu'à faire oublier comment on pourrait imaginer tel ou tel suspect s'en prendre à la victime, tant il manque à la majorité une crédibilité comme assassins potentiels. Des acteurs peinant à jouer des personnages d'époque s'avérant généralement la seule chose qu'on parvienne à distinguer sous les masques qu'ils présentent à Hercule Holmes (ou est ce que pour moitié ils n'essayent même pas de cacher quoique ce soit ? pour des suspects de meurtre ils semblent rarement se soucier de faire autre chose que tenter de nourrir les soupçons dont ils sont l'objet, rendant improbable qu'ils puissent avoir quelque chose à se reprocher).

Enfin les thèmes essentiels de l'histoire, oscillent entre ignorés et massacrés.

L'aspect revanche sociale se retrouve étrangement estompé (notamment du fait de l'absence par rapport au livre ou adaptation précédente du personnage de James Ferguson, le jeune communiste idéaliste là pour le souligner, plus ou moins mais très mal remplacé par une rombière de plus qui, si elle évoque un peu le sujet, apparait trop absurde dans ce rôle pour qu'on y prête attention).

Quant au coté passion amoureuse tragique, sa représentation donne l'impression qu'elle ne concerne qu'un personnage manipulé par l'autre, ce qui la rend bien moins touchante. Et en prime sa révélation est éclipsée comme moment d'émotion principale du film par une autre histoire d'amour, venue évidemment du passé de Mike Derrick pour expliquer son air taciturne, en plus qu'on perde aussi du temps avec une troisième aboutissant au mariage de deux second rôles (dont les interactions familiales font très moment de remplissage de série, du style étrange à trouver dans une œuvre en moins de 10 heures).

En conclusion, pour en revenir à la question du début, ça apparaissait dur à croire au départ, mais force est de constater que le pari est réussi au delà de toute attente, ce film parvient à faire apparaitre même le Crime de l'Orient Express du même comme une adaptation décente d'Agatha Christie ou en tout cas un film nettement plus agréable à regarder.

(bon après ok, je connaissais trop l'histoire, suis exigeant en matière d'adaptations de bouquins, déteste les reremakes en général, et de films que j'aimais bien comme l'adaptation avec Ustinov et Birkin, plus encore, tout ça ; je puis concevoir que des yeux plus innocents puissent malgré tout l'apprécier, si j'ai un peu de mal à l'imaginer s'ils connaissent d'autres films d'enquête)

Antonio-Palumbof
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le 24 nov. 2023

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