Lui : poète en manque d’inspiration. Elle (Mother) : amoureuse de lui et accessoirement décoratrice d’intérieur de fortune. Ils vivent dans une maison perdue en pleine campagne et vont voir leur quotidien être chamboulé par l’arrivée d’un mystérieux couple.


Darren Aronofsky, après m’avoir totalement conquis avec Black Swan et surtout, SURTOUT : Requiem for a Dream, revient avec Mother ! : film plein de promesses avec une bande annonce qui ne dévoile absolument rien et un pith tellement court et flou que tout est possible.


Alors qu’on soit d’accord : je n’ai pas forcément détesté Mother MAIS je ne l’ai vraiment pas aimé non plus !


Ceci étant dit.


Il faut bien être honnête le film est très bien réalisé. En même temps, le petit Darren n’est pas le dernier des m pour tenir une caméra. Il a des idées, de l’imagination, de la technique et il sait ce qu’il fait lorsqu’il a la machine entre les mains.


Pour filmer il utilise du 16mm ce qui donne une image très granuleuse et assez particulière. Mais en plus du grain de l’image, original, le cadre est réfléchi aussi. Le format qu’il utilise est assez particulier et même si je ne suis pas pro dans le domaine, l’utilisation d’un cadre plus large que haut utilisé durant le film, lui permet d’enfermer ses personnages, cette volonté permettant de mettre une pression supplémentaire avec un côté très oppressant.


L’autre point t**rès bien géré est la bande son** : que ce soit la musique (même si elle est relativement absente), les bruits, les chocs sonores. Tout est parfait. Il sait jouer avec la tension et la pression en utilisant l’image et le son.Sans parler de l’oppression qu’il instaure par le rythme du film en lui-même.


Cependant malgré ces aspects très positifs, il faut souligner un point négatif de taille : c’est quoi ces effets spéciaux dégueu ?!


Franchement je ne sais pas si c’était un manque de budget, un manque de temps, un manque de talent ou juste le fait d’avoir voulu filmer en 16 mm avec ce grain particulier mais sans déconner !


C’est quoi cette merde ! Alors heureusement qu’il y a en a pas trop (enfin… « pas trop »…)


Pour ce qui est des acteurs,on ne va une fois de plus pas se mentir. Darren n’a pas choisi les derniers des bouseux. Parce qu’avec Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Michelle Pfeiffer et Ed Harris il est difficile de se planter au niveau de l’interprétation.


Parlant du scénario maintenant, je ne vais pas spoiler (pas tout de suite) mais on sent quand même que Darren est encore marqué par son divorce en 2010 avec Rachel Weisz. Il s’intéresse à la question du couple, particulièrement à celle du couple avec un artiste. Il aborde aussi la question du besoin de ces créateurs d’être reconnus pour leur travail et d’être aimés grâce à leurs œuvres. On sent aussi que Darren reste dans quelque chose de très religieux depuis Noé… et ça, pour le coup, ça commence à me souler, tous ces réalisateurs qui partent dans des trucs religieux par manque d’inspiration.



Maintenant, que tout est dit je t’invite si tu n’as pas vu le film, à aller voir un combat entre Harry Potter et un Jedi, parce qu’il faut entrer dans la partie :




Je spoile comme un bâtard pour comprendre le film



Alors… pour MOI (oui car c’est ce que je pense et je ne sais pas si j’ai raison ou tort et vu que je suis un putain d’égocentrique si j’ai tort : je t’emmerde et si j’ai raison : je suis un génie), le film est une métaphore de la vie d’un point de vue religieux.


Je m’explique – et ça ne va pas être simple – D’abord les différents personnages :



  • Mother (Jennifer Lawrence) représente La Vie. On le répète assez souvent dans le film pour avoir intégré que c’est elle « LA VIE » (et le premier qui chante le générique de la vie je le tue).
    Elle occupe ces journées à retaper la maison de son mari qui a brûlé dans un incendie. Pour moi la maison est une représentation du monde. Elle en prend soin, elle arrange tout pour qu’on s’y sente bien et que son mari puisse écrire et créer.

  • Lui (Javier Barden) représente Dieu. C’est lui LE créateur.

  • Le couple chelou qui entre dans la maison (Ed Harris et Michelle Pfeiffer) serait une représentation d’Adam et Eve que Dieu installent dans le monde : dans la maison.
    L’homme a une marque assez voyante sur le coté et là on repense à la femme qui a été créée à partir de la côte d’Adam.
    Au début, ils ont accès à toutes les pièces de la maison mais lorsqu’ils brisent le « cœur de la maison » cette pièce est condamnée par le mari.


_ D’ailleurs faudra m’expliquer pourquoi il condamne la pièce alors qu’il n’y a plus rien d’intéressant là-dedans. Le seul truc qui avait de l’intérêt a été pété par les deux glandus _ C’est facile de penser que cette scène est en fait la représentation de Dieu qui a banni Adam et Eve du jardin d’Eden après avoir pêché contre lui.



  • Les deux fils du coupleet pas fils de pute. Quoi que…– avec l’un tuant son frère est une représentation assez claire de Caïn et Abel. Pour mémoire Caïn, premier meurtrier de l’humanité, tue Abel par jalousie.

  • Le reste des humains qui entre dans la maison au fur et à mesure, est l’ensemble de l’humanité qui peuple la planète : toi, moi, le connard qui m’a grillé la priorité ce matin (Putain !)


Le film tourne toujours autour d’une idée simple : le partage,et particulièrement le p**artage de l’amour**, que ce soit par l’amour des fans, l’amour maternel, l’amour d’un couple, renvoyant ainsi largement à l’amour divin.


La relation entre Mother et Lui est assez étrange puisqu’elle ne veut pas le partager et lui donne tout l’amour qui est possible de donner à quelqu’un. Pour lui c’est le contraire, il prône le partage et il n’est pas satisfait du seul amour de sa femme qu’il appelle de plus en plus au fur et à mesure « La vie ».



  • Cette Vie que personne n’écoute : ces putains de connards qui s’assoient sur l’évier pas fixé alors que Mother leur dit de descendre tout le temps, évier qu’ils finissent, évidemment, par péter.

  • Cette Vie dont certains veulent profiter : le mec putain de lourd qui veut la baiser et qui le dit très clairement.

  • Cette Vie que les humains vont piller, jusqu’à lui arracher son propre enfant. Et si vous aviez encore des doutes l’humanité est présentée comme une saloperie qui détruit tout ce qui est mis entre ses mains.


Mais à la fin la Vie va reprendre ses droits (un peu comme Mère Nature en ce moment qui a dit « nique ta mère ! Vive les catastrophes naturelles ») et va faire tout péter, au sens propre du terme. Puisque Mother fait exploser la maison et provoque finalement l’incendie du début. Mais Lui récupère le cœur de la Vie et on est reparti pour un cycle : un cycle de merde d’ailleurs.


J’avoue, j’ai développé ce qui m’a le plus sauté aux yeux avec toutes ces références bibliques mais il est aussi possible de voir Mother comme étant Mère Nature. Elle arrange le monde, et les humains viennent et lui prennent tout. Et même si je l’ai déjà évoqué il est aussi possible de voir Lui comme étant un créateur narcissique qui vampirise la femme qu’il aime parce qu’il a besoin d’être aimé : comme le représente le cœur que l’on aperçoit tout du long et qui s’étiole avec le temps.


Il y a tellement de degré de lectures et de possibilités que ça en donne le vertige.


En vérité, je n’ai pas de réelle analyse. J’ai certaines pistes, certaines idées quelques peu cohérentes mais c’est tout. Et voilà ce que je reproche à Mother en fin de compte et à Darren : de donner trop de choses et de rester dans l’obscurité la plus totale.


Il n’y a aucune réponse.On reste dans le flou tout seul car le film n’est pas clair du tout. Le manque d’explication rend le film long car on ne sait pas où l’on va, ni pourquoi on y va – même si on sent qu’on va dans un sacré merdier et vers un pessimisme assez ancré.


Je comprends complètement qu’on puisse aimer ce genre de film super perché avec aucune vraie réponse et juste des idées de ce qui veut être dit. Mais ce n’est pas mon cas. Franchement :


« Mec ! T’es allé tellement, mais alors tellement loin ! »

Beezell
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste En 2018, je mate que des films de qualités ? Naaaaaaaaaaaaaaan !

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le 9 oct. 2018

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Beezell

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