King Kong contre Godzilla, bien que lançant définitivement le célèbre dinosaure mutant dans le fight movie, avait laissé un arrière goût très, très amer ! Mais en y regardant bien, ce n’est pas forcément à cause de son réalisateur, mais plutôt au fait que ce film ait été américanisé pour le marché de l’oncle Sam. Ce qui expliquerait le côté ridicule avec lequel s’est offert à nous le long-métrage (blagues racistes loupées, les deux monstres effectuant des danses de la victoire, le message anti-nucléaire ayant totalement disparu…). En regardant ce Mothra contre Godzilla, ce constat se concrétise grandement sous nos yeux !

Bon, avec un titre pareil, il ne fallait pas s’attendre à monts et merveilles. D’ailleurs, il serait masochiste d’avoir un véritable scénario de la part d’un long-métrage avec Godzilla depuis le second opus (Le Retour de Godzilla, datant de 1958). Surtout que là, c’est encore ce cher lézard qui va se frotter contre un autre Kaiju mythique du cinéma japonais : Mothra, une phalène géante, qui revient sur les écrans ici pour la deuxième fois. Ni plus, ni moins ! Nous y retrouverons des personnages humains toujours aussi inutiles, des répliques qui frisent souvent le ridicule aux vues de la situation, des acteurs qui surjouent beaucoup trop… Bref, les mêmes défauts qui persistent et persistent encore au fil des épisodes. En rajoutant à cette liste une trop longue « mise en route » du combat tant attendu (soit une quarantaine de minutes avant que Godzilla n’apparaisse à l’écran !).

Et pourtant, nous avons-là un divertissement bien plus sympathique que King Kong contre Godzilla, à la hauteur du Retour de Godzilla ! Car, premièrement, il s’agit d’un Kaiju Eiga qui assume grandement ce pour quoi il est fait, sans jamais tomber dans le n’importe quoi (argument à prendre au second degré). Hormis un personnage qui frôle l’hystérie à chacune de ses apparitions à l’écran, nous avons des actions militaires plus crédibles que précédemment (pas de King Kong transporté par des hélicoptères dans un filet, par exemple !) et, surtout, aucun moment qui sente le grotesque à plein nez (nos monstres ne se permettent pas de petites chorégraphies à chaque round gagné, pas d’ambiance comique…). Mothra contre Godzilla redevient nous fait retrouver le sérieux (un bien grand mot, tout de même !) de la saga, ainsi que la thématique du nucléaire. Bien que cette dernière ne soit pas aussi prononcée que dans le tout premier film de la série, cela reste un véritable plaisir de retrouver les marques de celles-ci (énonciation des radiations, les Japonais étant toujours plongés dans un trauma post-Hiroshima et Nagasaki, des décors de maisons en ruines, l’utilisation du compteur Geiger…).

Sans compter le petit plus que s’offre la saga via la longue introduction du film, principalement centrée sur l’œuf de Mothra. Qui permet ici d’aborder un autre thème à la saga, celui de la cupidité humaine : un chef d’entreprise prêt à payer de sa poche cet énorme œuf dans le but de l’exposer au monde entier pour gagner énormément d’argent (alors que son coffre-fort en regorge déjà !). Une thématique aussi vieille que l’humanité que l’on retrouve dans la majorité des histoires (livres et films) mais qui apporte à ce Godzilla cette fraîcheur qui permet de dégager petit-à-petit le message anti-nucléaire qui pourrait bien devenir obsolète dans les futurs épisodes. Un sujet qu’il faudrait effacer tout doucement et non d’un coup sec comme l’avait fait King Kong contre Godzilla.

Après, nous n’allons pas nous attarder sur les effets spéciaux car rien n’a vraiment changé depuis le premier film et les divers Kaiju Eiga existants depuis. À commencer par le désormais mythique costume en latex de Godzilla, les nombreuses maquettes destructibles d’immeubles et autres bâtiments. Cependant, il faut bien avouer que certains effets ont encore assez de charme pour une production de ce genre. Surtout pour l’animation de Mothra et de la miniaturisation des The Peanuts pour le rôle des fées jumelles rattachées à la phalène géante. De quoi faire oublier l’espèce de singe informe de King Kong contre Godzilla !

Vu les nombreux défauts propres à ce genre de divertissement, aucune raison de donner une note élevée ! Néanmoins, après avoir regardé ce que donnait le film précédent de Godzilla, il y a de quoi trouver son bonheur dans ce long-métrage, au final, amusant à regarder (malgré son début bien trop long). Prouvant que les Japonais sont les seuls à pouvoir user du monstrueux dinosaure à leur guise et de manière cohérente au genre. De quoi avoir envie de regarder les autres opus de la saga !
sebastiendecocq
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Godzilla, la saga et Les meilleurs films sur Godzilla

Créée

le 7 févr. 2014

Critique lue 449 fois

1 j'aime

Critique lue 449 fois

1

D'autres avis sur Mothra contre Godzilla

Mothra contre Godzilla
batman1985
5

Pourri, mais amusant

Le succès dans les années 50 de Godzilla a valu au monstre de se voir décliné en de nombreux films. Si les gens aujourd'hui connaissent mieux le triste remake de Emmerich, le monstre a été inventé...

le 23 mai 2012

5 j'aime

3

Mothra contre Godzilla
Subversion
6

Les enfants, ne jouez pas avec les bombes H !

Il faut reconnaître que certains films de la saga Godzilla possèdent un charme indéniable, dû autant au manichéisme naïf dont ils font preuve que de la superbe démonstration de trucages "à...

le 9 août 2017

4 j'aime

Mothra contre Godzilla
colargol
8

Critique de Mothra contre Godzilla par colargol

Des Japonais déblaient les débris d'un ouragan. Un monsieur se plaint à un reporter parce que les articles de son journal prétendent que les travaux ne seront pas finis à temps. Alors voyons si vous...

le 23 mars 2011

3 j'aime

1

Du même critique

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
sebastiendecocq
8

Un coup dans l'eau pour la future Justice League

L’un des films (si ce n’est pas LE film) les plus attendus de l’année. Le blockbuster autour duquel il y a eu depuis plusieurs mois un engouement si énormissime que l’on n’arrêtait pas d’en entendre...

le 28 mars 2016

33 j'aime

1

Passengers
sebastiendecocq
5

Une rafraîchissante romance spatiale qui part à la dérive

Pour son premier long-métrage en langue anglophone (Imitation Game), Morten Tyldum était entré par la grande porte. Et pour cause, le cinéaste norvégien a su se faire remarquer par les studios...

le 29 déc. 2016

29 j'aime

La Fille du train
sebastiendecocq
4

Un sous-Gone Girl, faiblard et tape-à-l'oeil

L’adaptation du best-seller de Paula Hawkins, La fille du train, joue de malchance. En effet, le film sort en même temps qu’Inferno (à quelques jours d’intervalles), un « Da Vinci Code 3 » qui attire...

le 28 oct. 2016

28 j'aime

4