« Moulin Rouge » est avant tout l’histoire d’une affiche et de son auteur : Henri de Toulouse Lautrec. Mis en image à l’aide d’une somptueuse colorimétrie (très saturée) par Oswald Morris, le réalisateur s’appuie sur un casting de premier plan : José Ferrer (nominé aux oscars), Zsa Zsa Gabor dans un rôle très distancié, très Hustonien, Suzanne Flon d’une sensibilité et d’une classe admirable et Colette Marchand (Golden Globe du meilleur second rôle féminin) danseuse étoile dont ce sera le seul grand film (elle enchaînera sur deux navets avant de retourner à la danse). Ce quatuor royal est entouré de Claude Nollier (la Comtesse, mère d’Henri, plus jeune que José Ferrer !), Katherine Kath (La Goulue), la chanteuse Muriel Smith (Aïcha). Casting essentiellement féminin que Huston dirige de main de maître. La première demie heure du film offre des numéros de can-can supérieurs à ceux du sublime « French Cancan » que Renoir réalisa trois ans plus tard. Ce sont, avec les dessins sur les nappes, la peinture dans l’atelier et les relations sentimentales désespérées, les grands moments du film. Par contre la description du monde d’en bas sent trop le studio et paraît peu travaillé par rapport à Pigalle et Montmartre. Le Paris de Huston est celui d’un touriste, loin des reconstitutions plus vraies que nature des films de Minnelli. Aussi intéressant que soit ce biopic de Toulouse – Lautrec, « Moulin Rouge », malgré de grandes qualités, n’atteint pas le niveau des films de Renoir ou Minnelli. Néanmoins les autres Can-Can (Walter Lang 1960) ou Moulin Rouge (Baz Luhrmann, 2001) lui sont inférieurs. A noter deux des futures gloires des films d’horreur de la Hammer : Peter Cushing et Christopher Lee dans de petits rôles et le cameramen Freddie Francis qui réalisera des films du même genre, également pour la Hammer. 

Ronny1
7
Écrit par

Créée

le 19 févr. 2023

Critique lue 13 fois

1 j'aime

Ronny1

Écrit par

Critique lue 13 fois

1

D'autres avis sur Moulin Rouge

Moulin Rouge
Docteur_Jivago
7

Spleen d'une âme en détresse

Capable de faire un virage à 180 degrés entre les genres mis en scène, John Huston s'attaque en 1952 à la vie de Henri de Toulouse-Lautrec, débutant dans le Paris de 1890 et évoquant son art, son...

le 6 oct. 2017

18 j'aime

18

Moulin Rouge
p3i
8

La vedette de Moulin-Rouge, c'est Marcel Vertès

La grande vedette de Moulin-Rouge, de John Huston, c'est Marcel Vertès, qui peignit les décors et qui nous restitue, avec une émouvante fidélité, l'atmosphère des toiles et des affiches de...

Par

le 9 févr. 2022

7 j'aime

4

Moulin Rouge
Teklow13
7

Critique de Moulin Rouge par Teklow13

Moulin Rouge est le pendant de Freud, il est au mélodrame ce que Freud est au film noir, à savoir une reformulation personnelle dérivant d’un genre préétabli ici construit sur le format serré d’une...

le 19 nov. 2012

6 j'aime

Du même critique

La Mort en ce jardin
Ronny1
6

Simone Signoret et la jungle

Dans « La mort en ce jardin » les amateurs de Buñuel retrouveront le sexe et la mort, la dictature avec la compromission de l’église, mais qui furent traités avec plus de profondeur dans les...

le 5 mai 2021

4 j'aime

Cela s'appelle l'aurore
Ronny1
7

Elle s'appelle Lucia

A la première vision « Cela s’appelle l’aurore » surprend les fans de Luis Buñuel par son académisme. Les ruelles de la ville (Bastia ?) une utilisation très contrastée du noir et blanc et une...

le 4 mai 2021

4 j'aime

1

Pour la sauver
Ronny1
7

Début chez la Fox

« Just Pal » (Pour la sauver) est le premier film que John Ford réalisa pour la Fox, son contrat de trente cinq films (dont neuf courts métrages) pour la Universal ayant prit fin. Malgré son jeune...

le 18 janv. 2023

3 j'aime