Ca commençait pourtant bien. J'avais même du mal à reconnaître la patte Spielbergienne dans les 20 premières minutes, tant l'histoire semblait malmener son spectateur. Puis arrive ce flash back. Et puis une linéarité peu jouissive. Et alors là oui, on a compris que c'est bien du Spielberg, le gars qui a réalisé Always, Amistad, La guerre de mondes...

C'est un sentiment d'inégalité qui me vient à l'esprit en finissant ce film. Surtout dans la mise en scène, l'écriture étant le moins abouti. En ce qui concerne la réalisation, ça commence avec intelligence, malmenant ainsi le spectateur, mais très vite, Spielberg remet ses gros sabots de peur que son public ne comprenne pas son film. Tout devient linéaire, simple et peu efficace pour un film de ce genre. Il est des scènes qui sont bien mises en scène (comme celle du premier repas entre tueurs, bien que les dialogues ne soient pas exceptionnels) et d'autres qui sont horribles à regarder. Par exemple, la scène du téléphone piégé, Spielberg tente d'amorcer du suspens, mais se vautre lamentablement car il en fait trop; la scène dure trop longtemps et le spectateur n'attend plus qu'une chose: qu'on passe à la scène suivante. Sans doute l'abus de ralentis et de musiques mélodramatiques aident à ce ressentiment.

La pire idée est certainement d'insérer le premier flash back 15 minutes après le début du film... nous rappelant donc ce que l'on vient à peine de voir, mais avec quelques détails de plus. C'est vraiment là qu'on se rend compte que Spielberg a peur que son public ne le comprenne pas. C'est d'autant plus remarquable si l'on regarde l'introduction faite par Spielberg en début de film ... introduction qui ressemble plus à une mauvaise featurette qu'à une vraie intro (en gros Spielberg explique 3fois son point de vue pour être sûr qu'on ne le prenne pas pour un antisémite, et puis fait remarquer que ses collègues sont vraiment des types sympas!).

En ce qui concerne le montage, le rythme est assez mal travaillé. si la première heure passe comme un suppositoire bien huilé, le reste du film se traîne en longueur. Surtout la fin qui ne semble jamais arriver. Le choix des musiques est assez embarassant dans les moments dramatiques puisqu'on a droit à des sortes de chants arabes typiques accentuant la tristesse que le spectateur est supposé ressentir. Chez moi ça n'a fait que l'annihiler.

Certaines scènes de violence m'ont, comme pour la liste de Schindler, fait rire tant Spielberg se montre pauvre en subtilité: gros plans de visages en proie à la douleur, ralentis, musiques tristes, ... Comment prendre ça au sérieux? Autant ça fonctionne pour un film bourrin à la 'minority report', autant ça foire quand il s'agit d'un drame.

Mais c'est l'histoire qui m'aura le plus déçu. Dès que la narration se simplifie, il n'y a plus trop de surprise pour le spectateur. Puis le récit en lui même n'est pas très fin. Engager des 'monsieurs tout le monde' pour tuer des terroriste, devrait poser des problèmes d'éthique. Mais non, pas vraiment en fait. Nos apprentis tueurs accepteront sans trop de difficulté ce rôle.

Pire, chacun des protagonistes a sa propre vision de la chose et est là pour des raisons différentes. Et pourtant aucun conflit n'émerge. Le personnage de Daniel Craig menace de poser des problèmes à plusieurs reprises, mais ne ralentit finalement jamais la troupe.

Ainsi, la psychologie en général s'apparente à celle de l'actionner, où l'on comprend la tristesse davantage par un regard de chien battu que par un dialgoue pointu révélant les blessures morales causées. C'est d'ailleurs ce qui explique certainement les longueurs de fin: car une fois toute l'action terminée, le scénariste se dit qu'il est temps d'enchaîner sur une psychologie plus subtile. Sauf qu'ajouter un discours après le regard de chien battu, c'est de la redondance en longueurs inutiles. Ben oui, on avait compris que le gars il était détruit, pas besoin de montrer pendant 20 minutes des plans du bonhomme marcher comme un zombie dans sa chambre, ou êter en proie à quelques crises paranoïaques quand il coule un bronze.

Bref, le film est assez pauvre et trop convenu, Spielberg ayant trop peur de perdre son public. Le cul entre deux chaises, il ne convainc pas mais au moins divertit un minimum. En passant outre les nombreuses faiblesses et en mordant sur sa chique pour la longueur, le spectateur ne s'ennuiera pas trop. Mais c'est vraiment dommage car ça commençait si bien.
Fatpooper
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le 1 mars 2012

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