Amoureux des films de gangsters, le réalisateur et scénariste Jong-bin Yun a pensé à vous et vous a concocté ce Nameless Gangster, bobine qui de prime abord ne semble pas très originale, mais en a sous le capot. Un douanier pourri qui trouve de la drogue, une alliance et amitié qui se crée avec un gangster, puis l’effondrement de tout ce qu’ils ont bâti à cause d’une tolérance zéro lancée par le gouvernement coréen face au crime organisé.
La narration est loin d’être honteuse, ça va et vient dans le passé sans perdre le spectateur, ce qui est un bon point et la preuve d’une direction et d’un montage efficace et intelligent. Les amateurs retrouveront évidemment tout ce qui leur plait, des types plein de pouvoir qui se croient tout permis, des règlements de comptes, des trahisons, en somme le contrat est rempli mais pourtant Jong-bin Yun va plus loin grâce à une carte d’une valeur inestimable. Cette carte c’est le fantastique Min-sik Choi, qu’il n’est plus la peine de présenter tant sa filmographie le fait pour lui, et prouve une nouvelle fois qu’aucun rôle ne lui résiste et qu’il est sans aucun doute l’un des plus grands acteurs coréens. Son personnage est pleutre et arrogant, et cela l’acteur nous le restitue avec une justesse incroyable. Totalement drôle mais souvent proche du bouffon, on suit ce bonhomme qui à peine commence-t’il à palper de l’argent qu’il se prend pour un caïd, ce qui lui vaudra constamment des retours de bâton, ne lui faisant jamais rentrer de plomb dans la tête puisqu’elle est trop dure et qui plus est son ami gangster n’est jamais très loin pour le défendre.
Les choses dégénèrent peu à peu entre eux, tout en gardant un certain ton humoristique, mais n’en gardant qu’une once afin de ne pas risquer de décrédibiliser l’aspect dramatique et policier qui se met peu à peu en place.
Jong-bin Yun nous offre une fresque passionnante sur le milieu mafieux/ripoux des années 80, cruel, drôle, et même émouvant dans ses dernières minutes, amenant la bobine au niveau de références américaines comme Les Affranchis. Le cinéaste n’oublie pas ces moments que l’on affectionne dans le genre, ceux où les règlements de comptes laissent nos gangsters en revenir à leurs instincts les plus bestiaux, à grands coups de battes de baseball, précédés de l’inévitable marche côtes à côtes.
Nameless Gangster est une référence du genre, mêlant des styles différents sans pour autant louper le coche. Un grand moment de cinéma, parfois un peu trop surréaliste pour l’ancrer parfaitement dans le contexte historique dans lequel il se place, mais néanmoins excusable au vu de ses très grandes qualités. Pas de sortie actuellement prévue, mais sachez qu’il sera présenté lors de l’édition 2012 du Festival du Film Coréen à Paris.
SlashersHouse
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le 23 oct. 2012

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