Si prêt et si loin à la fois, comment réussir autant un loupé ?

Je devais être un peu fatigué pour comprendre le film qu’au bout d’une heure et quarante-cinq minutes quand apparait la seule lueur d’humanité de tout le film.

Napoléon et Joséphine viennent de divorcer car elle ne peut donner d’enfant à l’empereur, elle est alors envoyée dans une maison de campagne (à la hauteur de son rang, entendons-nous). A peine divorcé Napoléon lui rend visite comme si de rien n'était. Peu de mot, juste de geste, il pose son chapeau sur la tête de Joséphine, il sourit, il essaye de la pousser comme deux ado qui font leurs premiers pas, elle repousse sa main en souriant. Voilà les 30 secondes d’humain du film, génial, simple et beau.

Grâce à cette scène je comprends enfin le film, qui aurait dû s’appeler Napoléon et Joséphine. Mais Napoléon ne peut être résumé uniquement à ça. Donc comme on ne peut réduire Napoléon à son histoire tourmentée avec Joséphine le film comble les trous en racontant partiellement et partialement son destin à travers des pseudos interprétations qui sont surtout des raccourcis. Et les raccourcis punissent toujours son auteur, car soit ils méprisent l’histoire et les histoires soit on les oublie aussi vite qu’on vient de les voir. Je fais partis de la deuxième catégorie en sortant du cinéma j’avais l’impression d’avoir oublié 80% du film…

Après tout pourquoi pas résumer Napoléon à sa tortueuse histoire d’amour avec Joséphine ? En voulant raconter l’histoire du caporal devenu empereur à travers cette relation le film loupe tout. Et je dois dire que l’idée maintenant que j’y repense me séduit beaucoup. Si cela avait été fait pleinement je pense que l’œuvre aurait pu atteindre un état de réussite. Mais rien n’est fait pour atteindre du tragique ou du dramatique. Tout est effleuré et rien n’est tenté. Car il manque le plus important, de l’humain.

Le film peut se résumer à du gris, beaucoup de gris, du fade et des pantins. Il est rare de voir autant de personne à l’écran aussi inutile, sans mot et sans nom. On devine pour les connaisseurs Murat, Davout, Cambacérès, Danton qui en fait est Robespierre (erreur de casting). Personne ne joue mal mais personne ne joue bien car j’ai l’impression que tout le monde est perdu.

Où est l’innovant réalisateur de Blade Runner ? Le chef d’orchestre de l’épique Gladiator ? Le monteur de la chute du faucon noir ? le metteur en scène de Kingdom of Heaven ? Le sulfureux réalisateur de Thelma et Louise ? Le conteur des Duélistes ?

Vous voulez du Napoléon conquérant ? Oubliez

Vous voulez du spectacle ? Oubliez

Vous voulez des scènes de guerre impressionnantes ? Oubliez

Vous voulez du complot, de la diplomatie, de la conspiration ? Oubliez

Vous voulez la multitude du monde qui entourait Napoléon ? Oubliez

Vous de l’amour, du tumulte, de la passion ? Oubliez

Mais le pire c’est que même la caricature ne marche pas, il n’y a rien de gênant ou risible, il n’y a juste rien du tout. J’ai eu l’impression de voir un film où tout le monde nage à contresens dans de superbes costumes sous une lumière plate et où on n’apprend rien, on ne vit rien, on ne ressent rient. Où dirais-je à chaque fois qu’on aurait pu mais on nous coupe l’herbe sous le pied sans cesse.

Je ne me lancerais pas dans le listing de toutes les incohérences et inexactitudes historiques car cela ne serait plus une critique mais un blog, et pour le coup ça ne m'intéresse pas.

5 pour les techniciens qui ont réussis à faire tourner une aussi grosse production.