Depuis toujours, les pays scandinave ont cette particularité de nous offrir des pépites cinématographiques pleines d’originalité, surprenantes et souvent féroces… Très empreints de leur culture, l’expression de ces films est pourtant universelle, car elle touche à l’essentiel.


L’humain dans le sens sociologique du terme, au cœur de ses aspirations et de ses petites imperfections. C’est un cinéma où la quête de l’ascèse prédomine. Ascèse intérieure, sociale ou sociétale. C’est aussi un cinéma de fracture et de lutte permanente.


Si historiquement Ingmar Bergman a ouvert la voie, ce sont deux générations de réalisateurs qui se sont appropriés depuis ce savoir faire, avec leur style personnel et toujours cette même férocité. « Festen » de Thomas Vinterberg, « Adam’s apple » de Anders Thomas Jensen, « Nous les vivants » de Roy Anderson, « Noi albinoi » de Dagur Kari ou récemment encore « Snow Therapy », sont autant de souvenirs forts d’un cinéma vital, faussement désenchanté et marqué d’une lucidité grinçante. C’est le cas également pour « Natür therapy ».


Ole Giaever nous entraine dans un parcours introspectif, celui de Martin, trentenaire dans le doute (sa vie, son noyau familial, son job…), pour lequel nous allons découvrir par ses pensées les plus intimes, le temps d’un week-end de randonnée en solitaire, le trouble intérieur profond qui s’est creusé en lui. Seul, (ou presque) ses réflexions s’entrechoquent et les paysages évoluent à l’avenant, tantôt hostiles, tantôt majestueux. Les remises en questions permanentes, les fantasmes refreinés, le retour à la raison (maison ?), la vie, la mort tout y passe. « Natür therapy » est un film de perception. L’utilisation de la voix-off comme outil narratif est parfaite ni trop prégnante, ni digressive. Le décor est tout aussi prépondérant. Martin est tantôt contemplatif et serein, tel le voyageur de Friedrich face de sa mer de nuages, tantôt il est le « Jappe » de Munch, mélancolique et sombre, fermé.


« Natür therapy », en plus de son indéniable qualité artistique, est un film qui fait du bien, il reviendrait à boire un godet d’aquavit par moins 15° ! D’abord c’est âpre, ça chauffe le sang qui bouillonne, puis peu à peu l’alcool se diffuse profondément en vous, vous réchauffe, vous apaise et semble réveiller l’esprit.

Fritz_Langueur
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le 16 sept. 2015

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Fritz Langueur

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