Le pathos et la conscience
Bien que le Chateau de Cagliostro soit le premier long métrage de Miyazaki, je pense pouvoir dire que Nausicaä en est le premier si achevé, et qui illustre tant la patte de l'artiste. Dans un univers post-apocalyptique, où les humains vivent dans des conflits permanents, entre eux, avec eux-mêmes ou avec tout ce qui les entoure, Nausicaä cherche à démontrer que ce que tout le monde voit comme hostile, ces plantes toxiques et ces gigantesques scarabées, ne sont en réalité que des puissants remparts contre la folie des hommes. Au premier rang de mes films écologisants consciencieux, Nausicaä de la vallée du vent se targue d'une poésie admirable, d'une part grâce à sa bande son admirable, tour à tour douce et envoûtante, et vive et embarrassante, et d'autre part grâce au caractère visionnaire de son propos. L'euristique de la peur prônée par Hans Jonas ne date que de 1979 (dans son ouvrage Le Principe responsabilité), soit à peine 5 ans avant Nausicaä, et on pourrait même se demander si ce philosophe faisait partie des lectures de Miyazaki à cette époque, ou s'il agissait par ambiance philosophique... Les historiens nous le diront.
En tout cas, Nausicaä inaugurait parfaitement la puissante oeuvre du japonais : une réflexion derrière un nuage de poésie, qui éblouit tant par sa justesse que par les larmes qu'elle peut nous procurer. Un des plus beaux Miyazaki.