Nausicaä de la vallée du vent par toma Uberwenig
Après avoir eu l'occasion de voir ce chef d'oeuvre (car c'est bien de ça qu'il s'agit) en VO longtemps avant la hype autour de Miyazaki en France suite à la sortie de Porco Rosso, occasion que je laissai passer, erreur de jugement imputable à un subtil mélange de manque de goût et de flemme propre à mon jeune âge (de l'époque), j'ai eu le temps de me repentir longuement, méditer sur mon erreur, et sur les 7 volumes magistraux qui contiennent toutes les arcanes de l'univers du maître, ses archétypes à venir, ses préoccupations majeures, ses motifs narratifs, bref, tout... (ou presque, manquait globalement le pendant Totoresque de son oeuvre).
Puis, internet aidant, j'ai eu une nouvelle occasion de le voir, encore ébranlé par la lecture de Nausicaä... et ce n'était pas une bonne chose, car, comme c'était prévisible, j'ai eu le sentiment de voir quelque chose d'inachevé, de bâclé.
Attention, pas en terme de réalisation, hein, car comment ne pas s'incliner devant la beauté magistrale des dessins, de l'animation, de la plupart des thèmes musicaux ?
Mais l'histoire prend lentement son envol en respectant le livre, quand soudain, tout s'accélère et on se retrouve avec le générique de fin en pleine face en se demandant si on ne s'est pas endormi une petite heure ou deux. Car c'était à mon sens ce qu'il manquait, une heure ou deux.
J'avais donc rangé Nausicaä dans la "mauvaise" moitié des oeuvres de Miyazaki, aux cotés de Kiki, Porco Rosso, ou... euh... non, en fait c'est tout je crois.
Mais à force de voir et revoir les classiques arrive le jour où je me dis "tiens, ça fait longtemps...".
Et j'ai donc regardé Kiki encore une fois, et me suis laissé emporté par la fraicheur de l'ensemble. Puis j'ai regardé Porco Rosso qui malgré ses quelques maladresses a su me faire un peu rêver, et surtout rire grâce aux pirates.
Et enfin, j'ai repris Nausicaä. En pleine face, suis-je tenté de dire.
Le manga à l'histoire complexe et dense n'était plus qu'un vague spectre flottant dans une mémoire plus que fatigué, et j'ai donc pu redécouvrir l'anime avec un regard quasi vierge.
Terrassant de sincérité, de finesse, de beauté, ce long métrage fait l'effet d'un coup de poing.
On est loin d'un coup d'essai de jeunesse, c'est une oeuvre mature et maturée, qui aborde des thèmes complexe sans pour autant étouffer le spectateur, si ce n'est en lui coupant le souffle à coups d'images magistrales de la Mer de Décomposition.
Le personnage de Nausicaä est d'une force rarement égalée, et Miyazaki ne s'en séparera jamais, elle habitera la plupart des héroïnes de ses longs métrages.
C'est certainement de Mononoke Ime que ce film se rapproche le plus, sous bien des aspects, entre la maturité des thèmes abordés, la violence omniprésente dans ce monde en guerre, les atteintes à la Nature par des hommes animé pourtant par des convictions, sinon louables, au moins humaines (trop humaines) (hum). Et la puissance destructrice des conséquences de ces choix peut aussi être mise en parallèle dans les deux cas.
Oui, vraiment, tout est déjà là, dans un sens.
Alors tout n'est pas parfait, evidemment.
On peut regretter la superficialité malveillante de Kushina, dont on ne peut deviner l'épaisseur et la finesse qu'en la mettant en parallèle avec son homologue de papier. Idem pour son bras droit.
Et bon, en tant que fan absolu de Maître Yupa, j'aurais aimé l'admirer en action un peu plus.
Mais force est de constater qu'au final, une fois de plus, les défauts que je trouverais au film restent liés à mon souvenir si lointain soit-il de la puissance du manga.
Ce dernier est à l'échelle du monde, là où le film centre sur la Vallée du Vent, et sous les lignes directrices du film on sent pulser le gigantisme de la BD.
Je vais donc arrêter ici, parce que je ne pense pas que ce soit pertinent, et aussi pour éviter de spoiler trop.
Si l'on embrasse le film en lui même, il s'impose de lui même comme quelque chose d'important, d'indispensable même.
Et s'il est moins facile d'accès que la plupart (sinon toutes) les autres réalisations de Miyazaki, il n'en reste pas moins un magistral coup de maître qui mérite qu'on se penche dessus avec attention.