Ne te retourne pas ne fonctionne que dans sa première demi-heure, prenante et déstabilisante, portée par une Sophie Marceau très crédible ; puis le film cherche à tout prix à désamorcer l’étrangeté de ses situations en la résolvant au fur et à mesure que l’héroïne retourne sur les traces de son passé. Le vertige devient répétitif, linéaire. La résolution du nœud dramatique fait quelque peu l’effet d’un pétard mouillé puisqu’elle signe le désaveu de la part de sa réalisatrice, le désaveu d’un faux-mystère dont l’origine n’est à chercher que dans les méandres psychologiques de son personnage. La lumière réaliste tombe donc sur l’opacité mystérieuse et rend tout visible, chaque couture du scénario finalement simpliste, chaque mouvement, chaque parole. Le tour de passe-passe se mue en conception programmatique sans oser jouer la carte de la surnature ; cette posture est d’autant plus hypocrite – et faussement intelligente – qu’elle puise dans l’imagerie et l’imaginaire de Mulholland Drive, de Sixième Sens et des œuvres américaines d’Hitchcock. Une tentative intéressante, parfois captivante, souvent désamorcée par sa grandiloquente manie à tirer les rideaux et lever les voiles, vidant ainsi la boîte de Pandore de son contenu.