Quand la muse tangue…
Je ne vois pas. Non, je ne vois pas où voulait en venir Laure de Clermont-Tonnerre avec ce « Nevada ». Pour le sujet, ça va, c’est clair. Un homme en quête de rédemption trouve une voie de sortie...
le 25 juin 2019
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Laure De Clermont-Tonnerre aime-t-elle les chevaux ? non pas tant pour en avoir fait des personnalités si facilement domptables, mais en ne sachant malheureusement pas comment les filmer, ni jouer du langage du corps, de leur puissance ou de ces liens invisibles entre l'homme et l'animal, et où le dressage s'effectue à coup de phrases toutes faites.
La cinéaste pour son premier film s'est documentée, s'est entourée d'une psychiatre, a visité des centres de détention et a tourné avec des anciens détenus ayant participé au programme. On apprend que cette proposition d'insertion via la thérapie équine, dont on connaît les bons résultats sur les comportements déviants ou sur le handicap, sert également à en contrôler la population. Ceux qui aiment les chevaux auront un gros coup au cœur de les voir ainsi se faire piéger et enfermés, troquer les grands espaces par un environnement de stress constant et d'une vie à venir de servitude. Pourtant on ne verra pas franchement les comportements ou les conséquences dépressives sur l'animal.
Une intrigue presque sans saveur si ce n'était une mise en scène plutôt réussie, à l'ambiance sèche, jouant de quelques ralentis et de prises de vues extérieures lumineuses.
Chevaux sauvages, étalon belliqueux, grandes échappées à travers l'immensité d'un paysage rappelant au Western, pourtant Nevada s'en éloigne dès la première scène qui ne servira qu'à introduire son contraire, l'enfermement par la réhabilitation d'un homme, et le long chemin à lutter contre lui-même.
Matthias Schoenaerts taiseux à souhait rappelle à ses rôles d'homme meurtri où il excelle indéniablement, imposant et lourd, à la limite de la rupture, il traîne son corps et son malaise à la perfection. (on se souvient de l'excellent Bullhead). L'étalon quant à lui, tape du pied et tourne le dos tout à sa colère pour d'un coup s'adoucir et accepter son sort, comme si la réalisatrice ne savait pas comment s'y prendre et rate ce long apprivoisement que l'on imagine au contact d'un animal sauvage.
Bruce Dern en vieux briscard un peu trop attentionné, Connie Britton en psy inefficace, Josh Stewart en mafieux bien peu dangereux, une jeune fille en rupture avec ce père impulsif, les situations carcérales basiques, avec la violence et le trafic de drogue, pour des situations annexes et des personnages attendus, la réalisatrice aura plutôt opté pour le récit de prison, à l'ambiance amicale et presque bucolique, que le véritable enjeu de la thérapie ou du beau portrait de la nature sauvage.
Laure De Clermont-Tonnerre tente difficilement cette osmose attendue sans en saisir l'intensité que l'on trouve chez Chloé Zhao avec The Rider. Une réalisation classique, une musique qui sait se faire discrète et malgré une belle photographie, une recherche d'authenticité et de simplicité, l'ensemble n'empêche pas la réalisatrice de rater le coche dans son jeu de miroir sans vraie confrontation ni grande émotion.
Comme une distance face à son propos. Dommage.
Créée
le 25 oct. 2019
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