1997 : le taux de criminalité augmente de 400% en Amérique.
En réponse à cet alarmant constat les autorités décrètent que l'Île de Manhattan sera coupée du reste du pays par un mur haut de cinquante pieds et utilisée comme un complexe carcéral en plein air. L'armée est envoyée garder le pourtour de cette poudrière. Les prisonniers s'occupent de l'intérieur.
La zone est réputée comme inviolable.

Près d'une décennie plus tard le Président des Etats-Unis est chargé d'une mission de la plus haute importance. Il doit livrer une cassette audio contenant les espoirs de l'humanité à un quelconque sommet pour la paix censé mettre fin à la Troisième Guerre Mondiale. Seul hic, des yankees communistes détournent Air Force One avant qu'il ait pu atteindre sa destination.
Leur plan? Faire s'écraser l'aéronef sur New-York l'imprenable.

C'est là que les choses deviennent amusantes : le Président - joué par l'anglais Donald Pleasance - prend sa nacelle de survie à deux mains et s'écrase au beau milieu de la prison parfaite qu'il a aidé à construire il y à de cela quelques années.
Cette situation ne plait pas énormément aux geôliers de l'endroit - joués par Capitaine Moustache et Lee Van Cleef - qui dépêchent sur place un Bad-Ass Motherfucker à l'américaine du nom de Snake Plissken. Hors-la-loi, vétéran, borgne; quelques qualificatifs usuels pour une bête de ce calibre.
Mais l'on ne peut pas faire confiance aux esprits épris de liberté me direz-vous. Très juste. Avant de lancer l'animal dans la cage, Van Cleef prend le temps de l'inoculer avec deux mini-bombes sous-cutanées. Si Snake n'exfiltre pas le président en 24h chrono du secteur le mieux défendu de la planète; il est mort. Et pas qu'un peu.

Voilà l'agréable synopsis du film Escape from New-York. (Et non pas New York 1997, car fichtre, je ne suis pas Brésilien).
Malheureusement, tout au long du métrage, John Carpenter ne fait que fuir en avant. Il tente de filmer son idée monumentale avec des bouts de ficelle. Oubliez New York; toute l'action a été filmée à East Saint Louis dans l'Illinois dans les ruines de leur grand incendie. Parfois, ça se voit. Oubliez le spectacle promis par l'affiche grandiloquente : on ne peut se le permettre. La faute à un budget modeste.

Alors, que reste-t-il d'Escape from New York? Une performance d'acteur unique de la part de Kurt Russell qui nous prouve que quand on joue une machine charismatique; l'on peut faire un mètre septante-huit. L'idée maintes fois repompée du "héros qui ne veut pas en être un, mais qu'on vient de piéger afin qu'il endosse le rôle" qui fonctionne ici à merveille. Et la réalisation. Car l'on peut dire tout ce que l'on veut sur Carpenter, il mérite malgré tout d'avoir son nom sur l'affiche. Son savoir-faire rend palpable les thèmes sur lesquels ce film a été bâti : un monde exsangue poussé dans ses derniers retranchements par une société inhumaine, le combat des pauvres petits êtres humains perdus au milieu de tout ce bordel, la pénurie de tout qui rend la moindre balle hors de prix. Ce n'est pas par hasard si un film aussi caduc a réussi à s'imposer dans l'imaginaire de la culture populaire : sous son vernis décevant se cache une idée qui le dépasse. Rares sont les films à pouvoir s'en targuer. (D'habitude ils ont plus de moyens que d'idées; et c'est bien triste).

Tout ce qui fonctionne dans ce film repose sur l'intelligence cinématographique du type. Les défauts du décor cachés par des nappes d'ombres? C'est lui. La direction au millimètre près de légendes comme Van Cleef, Borgnine, Pleasance et Harry Dean Stanton? C'est lui. (Croyez-moi, je les ai vus mal dirigés et le résultat fait pitié).
Finalement, on ne peut reprocher qu'une seule chose à Escape from New York : la pauvreté de son budget.
Mais peut-on réellement reprocher aux réalisateurs pauvres de l'être? Pas dans le cas de ce film qui transcende ses faiblesses pour vous offrir une oeuvre brute au rythme hypnotique portée par la musique d'une efficacité impérieuse composée... par John Carpenter.
La boucle est bouclée.
MaSQuEdePuSTA
7
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Créée

le 24 août 2012

Modifiée

le 25 août 2012

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