La quintessence du film de ninjas

Tiens, il n'y a pas de critique pour Ninja Fury sur Sens Critique. Parce que je suis d'une paresse sans bornes, je vais reprendre une critique que j'avais faite pour un autre site, l'étoffer un peu, et la poster ici.

Ninja Fury est un nanar. Un film tellement ridicule et mal réalisé qu'il en devient grandiose. A visionner de préférence avec des amis, pour pouvoir s'échanger des répliques après et prolonger le plaisir.

Pour tenter de résumer sobrement un scénario d'une extrême complexité, c'est l'histoire d'un flic qui tente de retrouver un ninja qui a des liens avec la mafia locale. Mais ce ninja est en fait un renégat qui essaie de faire cavalier seul, donc pendant tout le film les deux ennemis jurés vont en fait se foutre sur la gueule avec les sbires de la mafia (toujours les 4 mêmes abrutis qui reviennent périodiquement avec des fringues et des "armes" différentes pour faire croire qu'en fait ils sont plus).

Le film propose également une trame parallèle avec le chef de la police (Richard Harrison, grand habitué des films de Godfrey Ho), qui est en fait un ninja incognito qui s'est mis à dos "l'empire des ninjas" (une organisation de ninjas tellement secrète qu'en fait on ne sait pas du tout à quoi elle sert) pour une raison inconnue.

Godfrey Ho, le réalisateur, reprend ici tous les éléments qui font son succès: des scènes sans aucun rapport l'une avec l'autre (sa marque de fabrique, faisons tourner quelques scènes de "combat" à des acteurs occidentaux et ajoutons-les au hasard au milieu d'une intrigue avec des acteurs asiatiques qui n'a rien à voir), une alternance de plans séquence jour / nuit (Godfrey Ho étant sans doute partisan du fait que pour rendre correctement une scène de nuit, il ne faut aucun éclairage, donc on ne voit strictement rien dans les scènes nocturnes), des éléments importants du scénario balancés un peu au hasard (genre on apprend entre deux high kicks qu'une fille qui s'était vaguement pris une balle lors d'une scène précédente en est morte, ou que le ninja renégat du début est en fait le chef de l'empire des ninjas), et des scènes "bouche-trou" qui ne servent absolument a rien si ce n'est a remplir le quota d'une heure et demie de film (genre les scènes de cul ou de natation synchronisée).

Habituellement, les films de Godfrey Ho sont construits sur le même principe. Des scènes de parlotte chiante avec des acteurs asiatiques, et des scènes de combat maladroites mais cultissimes avec des acteurs occidentaux. Donc on se fait chier pendant les deux tiers de ses films. Curieusement, dans Ninja Fury, même les scènes avec les asiatiques arrivent à être drôles.

Le film est essentiellement une succession de mandales et de pieds dans la gueule bruités avec des wavs de Street Fighter, mais quelques scènes d'anthologie ponctuent ces séquences de relations humaines omniprésentes. Attention, c'est un peu du spoiler, veuillez donc sauter le paragraphe suivant si vous tenez à garder la découverte de ce film intacte.

Nous avons donc droit à une course-poursuite entre deux voitures blanches totalement identiques, des persos qui deviennent mystérieusement secs en sautant de la douche au lit lors d'une scène de cul, une autre course-poursuite entre une bagnole à trois roues et des ninjas en rollers (le point d'orgue du film, qu'on peut voir figurer sur certaines jaquettes de VHS), et ma scène favorite, où on voit Harrison déguisé en ninja gravir une colline et prendre la pose au sommet en hurlant "NINJAAAAAA!" (apparemment il a fait ça dans plusieurs films, mais je n'ai hélas pas eu la chance de voir les autres).

Bref, tous ces éléments concordent pour faire de Ninja Fury l'un des meilleurs films de ninjas que j'ai pu voir (et malheureusement, j'en ai vu pas mal).
Melusca
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le 17 nov. 2011

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