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Pour comprendre le film, il faut d’abord se remémorer l’histoire tragique de la Corée :
Le Japon envahit la Corée en 1905. Le Pays du Matin Calme devient une colonie du Pays du Soleil Levant. En 1945, les japonais sont chassés par les Alliés et le pays est administré par l’URSS au nord et les USA au sud. En 1950, la guerre civile éclate, la Corée devient le jouet de la guerre interposée entre les USA et l’URSS. Trois ans plus la séparation est entérinée, le nord devient la république démocratique populaire de Corée et le sud la république de Corée.


C’est d’ailleurs par ce rappel historique que débute le film, avant d’être happé par une scène d’ouverture hallucinante de violence montrant l’entrainement sans pitié sur des prisonniers d’un commando nord-coréen dont fait partie la fameuse Hee. C’est donc avec un impression de malaise que l’histoire prend place. Cependant la suite du film montre que la 1ère scène n’est absolument pas représentative du film puisqu’on assiste à un thriller d’action assez classique qui pourrait être américain. Doté du plus gros budget à l’époque pour un film coréen (largement dépassé depuis par Frères de sang), cela se voit à l’écran, les scènes d’action sont bien réalisées et le film se dote d’un gros casting : Choi Min-Sik (Old Boy), Song Gang-Ho (Memories of murder) et Kim Yun-Jin (de la série Lost) entre autres confèrent à leur personnages toute la profondeur nécessaire. Le film n’est pourtant pas exempt de lenteur et de scènes longues, la romance entre Kyu et Hyeon peut paraître inutile et on se demande où ils veulent en venir avec ces histoires de poissons revenant sans cesse, la suite nous l’expliquera. Mais il faut d’abord affronter le scénario linéaire, sans suspense ni surprise jusqu’à la grande révélation du film (mais qui est Hee ?) qu’on voit venir de loin avec ses gros sabots et dont on a envi ede prévenir les agents tellement c’est évident.


Pourtant cette « révélation » se révèle être le tournant du film, là où il prend toute sa dimension et montre ce qu’il est : un drame humain sur la situation de la Corée. Humains, les méchants nord-coréen le sont, ils sont attristés par les pertes des leurs, et en une seule scène le manichéisme apparent au début du film est balayé lors d’un discours fort en émotion du personnage « méchant » de Choi Min-Sik, le commando nord-coréen n’agit pas par profit personnel ou sous les hordes de leurs dirigeants, non ce qu’ils souhaitent est juste que leurs compatriotes arrêtent de mourir de faim alors que le Sud a de quoi les aider, ils veulent la réunification d’un seul peuple, des frères injustement séparé par les aléas de l’histoire. Mais la lutte parait ardue quand le nord et le sud sont confrontés, la dualité du pays est tellement entérinée que les maigres tentatives de deux états de se rapprocher (symbolisé dans le film par un match de foot Corée du Sud – Corée du Nord) ont l’air vaines et inappropriées. La déchirure est bien trop profonde, elle est au cœur même de chaque coréen, personnifiée dans le double visage de Hee, partagée entre la lutte pour la Corée et sa nouvelle vie, deux parties d’un même pays. Certes à la fin le héros gagne, mais la victoire apparaît tellement amer face au drame personnel qu’il a vécu et à la vision pessimiste qu’on peut avoir du futur de la Corée. Et les poissons, notamment les kissingiramis dont on voit tout au long du film dans tout ça ? Eux aussi ils sont un symbole de la Corée, quand ces deux poissons sont ensemble ils ne cessent de se battre mais quand l’un meurt l’autre meurt de solitude. Un peu comme deux personnages du film.


NB : ce film sorti en 1999 a lancé la nouvelle vague du cinéma coréen après la suppression de la censure en 1997.


NB² : sur le même thème on peut aussi voir les films J.S.A. de Park Chan-Wook et Frère de sang (même si ce dernier est beaucoup moins réussi)


Artzone chronicles

Angellore
8
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le 29 mars 2015

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