Mauvais genre
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A partir de cette incroyable histoire (vraie), celle de Paul Grappe, un soldat français qui déserte le front de la guerre, puis décide de se travestir pour vivre à peu près normalement, André Téchiné en fait le portrait d'un homme qui a été heureux d'être une femme.
Le sujet est assez proche, la période aussi, de Danish girl, mais je trouve que le casting est très bien choisi. Entre Pierre Deladonchamps (remarqué dans L'inconnu du lac et qu'on voit ici à nouveau sous toutes ses coutures) et Céline Sallette, il y a une connivence qu'on sent lors de leurs étreintes, dans cette union à la fois forte et risquée, la jeune femme cachant son mari déserteur, qui encourt la peine de mort.
L'autre bon point du réalisateur est d'éviter de montrer pour la énième fois des scènes de la Première Guerre, qui sont plus évasives qu'autre chose, mais où on voit bien que Deladonchamps veut fuir, qu'il n'est pas à sa place, qu'il n'est déjà plus lui-même. Ce qui va se confirmer par la suite en devenant une femme, Suzanne, car enfermé depuis des mois dans cette cave, il veut se changer les idées, sortir sans éveiller les soupçons, ce que sa femme comprend, et elle va lui proposer de se travestir. Ce qui le répugne au départ, mais plus ça va aller, plus il va consentir à devenir une autre personne, au risque d'avoir une crise identitaire. Ce qu'on voit très bien dans le film, car cela déclenche chez lui des inhibitions, des envies d'aller voir ailleurs, fréquenter le bois de Boulogne, des orgies...
L'histoire est en soi vraiment passionnante, mais je pense que je l'aurais plus aimé sans ces intermèdes musicaux, sur une scène de théatre, où intervient Michel Fau, où ça sonne ... faux. Comme pour rendre plus invraisemblable cette histoire qui, je le répète, était vraie, et qui ne s'est pas bien terminée. On aperçoit aussi Grégoire Leprince-Ringuet et Virginie Pradal en grand-mère de Céline Sallette qui voit d'un œil ironique l'identité d'un homme devenir de plus en plus floue, créant jusqu'au schisme lorsque l'enfant va arriver.
Dommage pour ces intermèdes, car André Téchiné est passé pour moi à deux doigts d'un très bon film.
Créée
le 4 juil. 2020
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