Tout d'abord je tiens à préciser que "Nos années sauvages" est mon premier Wong Kar-Wai, ouais comme ça. C'est pourquoi les atmosphères de "In the mood for love" ou autre "2046" ne vont pas influencer mon regard sur cette œuvre.

En tout cas l'atmosphère ici est sombre, les scènes se passent surtout de nuit, voire sous la pluie pour les chanceux.

Les dialogues sont économes de mots mais les émotions sont là;
- la franchise naturelle et effrontée de la prostituée énamourée, exprimant et vivant ses sentiments à la face des gens;
- la lâcheté indifférente de Yuddy qui joue des femmes comme il s'est senti joué par elles, abandonnée par sa mère, élevé dans la possession et le chantage affectifs d'une autre;
- la compassion et l'empathie générale du policier-marin, discrète présence;
- la fragilité, l'innocence et la volonté d'aimer blessés d'une Maggie Cheung toute jeune, à laquelle on peut s'identifier.

Ces personnages s'apprivoisent, s'entrechoquent, s'aiment, se fuient, se perdent, s'écoutent, se poursuivent.
Le tout dans un décor intemporel, flou et moite (et pas que parce que je l'ai vu dans les vestiges d'une journée parisienne caniculaire).

On sourit beaucoup, on est suspendu, on est surpris, on se laisse bercer, comme dans la scène du train bordé de palmiers.

J'aime cette franchise dans le cinéma de WKW, le côté direct des dialogues et des gens, repiqué de la subtilité des silences.

Un beau film, qui me laisse entrevoir la sensualité des suivants...
pbdh
7
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le 21 juil. 2010

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pbdh

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