Suite à la polémique entourant Richard Berry, je suis tombé sur un article où ce film se fait démolir par une féministe. Du coup j'ai eu envie de le voir.


Je trouve ça sidérant. Pas le sexisme soi disant du film. Mais le jugement idiot des spectateurs SJW. D'ailleurs on devrait les appeler les SSJW (en hommage aux bon vieux nazis). C'est facile, c'est petit, oui. Mais franchement, ça fait mal aux yeux de lire les reproches au niveau du message.


On accuse le film (et par extension pour certains, le réalisateur, l'auteur, même les acteurs) de misogynie. Parce que les personnages féminins sont tous représentés négativement : l'une passe sa vie à dormir, l'autre ne pense qu'au sexe et la troisième est une hyperactive casse-couille. C'est comme ça qu'elles sont perçues.


Serait-il possible d'analyser un film dans son entièreté ? De ne pas juste s'arrêter à ses propres a priori. Parce que ceux qui ne voient que ça dans le film, je serais bien tentés de dire que c'est ce qu'ils ont eu envie d'y voir, et pour tirer les cheveux en 4 épingles, j'ajouterai même que ce serait révélateur de pulsions inconscientes de la part de ces SSJW.


Analysons : l'on suit une bande de copains qui se retrouvent régulièrement, qui parlent dans le dos de leurs femmes, qui pensent avoir tout compris de leur vie. Le premier, Auteuil, s'immisce dans la vie de ses enfants alors qu'ils sont assez grands pour savoir quoi faire de leur vie, il bosse toute la journée et quand il a terminé, il ne pense qu'à une chose, aller voir ses copains. Il pose bien quelques questions à sa femme, voir si tout va bien. Mais ça s'arrête là. Sa femme ne passerait pas son temps à dormir parce que justement elle ne trouve rien pour rester éveillée ? Comme je viens de l'écrire, les enfants sont indépendants, son mari est toujours parti... Son trait de caractère ne serait-il pas symbolique, ne serait-ce pas la conséquence d'un mauvais comportement de la part du mec ?


La supposée victime, dite nymphomane, est-elle vraiment nymphomane ? On sait juste qu'elle a dragué les potes de Lhermitte et qu'elle passe beaucoup de temps au téléphone. En revanche, on sait que son mari passe son temps à séduire les femmes dans son salon de coiffure et l'on sait de suite qu'il est à la fois infidèle et possessif. Dès lors, ne peut-on pas en déduire plutôt que sa femme n'a rien fait, qu'elle a juste tenté de séduire les potes de son mari par vengeance, rien de plus ? Qualifier une femme de nymphomane juste parce qu'elle tente de séduire deux hommes, c'est pas hyper insultant ?


Enfin, l'hyperactive qui fait beaucoup de sport et qui harcèle Berry pour vivre ensemble. Est-elle vraiment hyper active ? ne serait-ce pas juste que Berry est une larve qui ne veut rien faire avec sa copine ? Celle-ci tente alors, maladroitement sans doute, de lui faire faire des choses. Et si elle l'appelle souvent et le saoule sur leur situation, c'est pas plutôt parce qu'elle veut savoir où elle en est ? Elle sort avec un type qui se vante de sa réputation d'homme à femmes, mais elle l'apprécie et voudrait construire quelque chose... seulement il est difficile à joindre, il se comporte comme un célibataire... et en plus elle est enceinte ! Raison de plus pour elle paniquer.


Ces trois personnages féminins sont donc si salement écrits par l'auteur ? Non. Par contre les personnages principaux, les trois mecs, sont des gros connards égoïstes qui ne pensent qu'à eux et qui ont un point de vue négatif sur leur femme. Eux sont peut-être bien misogynes. Mais pas les auteurs. Cela me paraît évident.


S'ensuit le sujet le plus délicat: la violence conjugale est-elle banalisée dans ce film ? Il s'agit d'une comédie où les gags tournent autour du fait d'avoir tué une femme et de savoir s'il faut prendre ou non la défense du tueur, le tout sur un ton très léger. Faire rire, signifie-t-il banaliser? Si on pense que oui, ce serait oublier que le rire permet de mettre en avant des travers de notre société, comme la science-fiction d'ailleurs. C'est un moyen d'aborder un sujet sérieux sans être lourdingue. De plus, si on doit se limiter au fait que rire d'un crime c'est le banaliser, alors qu'en est-il des comédies policières : banalisent-ils le crime, les criminels et les ripoux ? Non, absolument pas. D'ailleurs on n'entend pas trop les gens râler dans ces cas-là. Sauf si à un moment on rit de la détresse d'un noir ou d'une femme battue. Comme si ces thèmes étaient plus graves que d'autres.


Ce qui peut créer un malaise, c'est qu'à la fin, on ait cette impression de happy ending : ha elle est pas morte, donc c'est pas grave. Mais ce serait pas justement la cerise sur le gâteau ? On nous montre que les trois larrons n'ont finalement rien compris, rien appris, et qu'ils ne vont pas évoluer pour le mieux, ils resteront des gros connards : sans doute que Auteuil s'emportera sur sa fille, que Lhermitte reprendra son salon dans la plus grande indifférence et que Berry se cassera à la moindre contrariété avec son gosse. Parce qu'ils pensent qu'étrangler une femme est ok. Pour moi c'est de l'humour noir. Tout simplement. D'ailleurs c'est assez excessif quand Lhermitte part, à quel point il paraît soulagé d'avoir juste failli la tuer. Rappelons aussi que ces gros lourdauds ont du mal à admettre qu'il soit mal de tuer ou battre quelqu'un, que ce soit une femme ou une personne tout court. Ce qui les emmerde, c'est d'aller en prison.


Bon, maintenant que j'ai défendu le film d'un point de vue éthique... dois-je le défendre en tant qu'oeuvre d'art ? Ben non! Parce que c'est pas très bon.


Le film est tiré d'une pièce de théâtre et ça se sent très fort : toutes les scènes en dehors de l'appart sont inutiles, pauvres, redondantes par rapport à ce qui est dit par la suite dans l'appart. C'est même très mal structuré : parce que voir Lhermitte écouter sa femme, passer à son arriver à l'appart et puis reprendre la suite aussi vite sur ce qu'il s'est passé... ça fait penser à des mecs qui racontent mal leur blague, qui reviennent en arrière parce qu'ils ont oublié un détail important.


Notons aussi que c'est un peu long et que le sujet n'est pas bien exploité ; d'ailleurs l'auteur se permet des digressions, on passe à d'autres sujets pas très importants plutôt que de se focaliser sur cette bataille d'arguments. D'ailleurs cette dispute est aussi très faible car mal argumentée, mal défendue par chacun des partis. Et les changements d'avis sont un peu faciles. Pas inintéressants. Mais faciles dans la façon de les amener.


Les dialogues manquent un peu de subtilité. C'est peut-être ça qui fait que les SSJW n'ont pas cherché à creuser leur analyse, ça manque de phrases à double sens diablement efficace. Notons aussi els performances épouvantables des acteurs : bon, Berry n'a jamais été exceptionnel le seul film dans lequel il m'a vraiment marqué, c'est "Le bossu de Notre-Dame". Auteuil en fait des caisses, il imite même Clavier par moment... Et tout ce manque de subtilité finit par nuire un peu au message. Il est des moments où on aurait aimé sentir une certaine ironie discrète et non juste des cris et des gros clins d'oeil.


Les personnages ne sont pas mal caractérisés mais ils sont mal exploités. Berry est censé être le calme pourtant il s'emporte dans plusieurs scènes ; à l'inverse Auteuil est censé être le plus énergique mais il baissera le ton aussi plusieurs fois. Quant à Lhermitte, il est un peu fou-fou, mais il dort une bonne partie du film. C'est peut-être lui qui s'en sort le mieux, niveau performance. Il est déphasé en permanence.


La mise en scène est atroce. Berry semble vouloir marquer le fait que ce n'est pas du théâtre mais un film pour le cinéma, et que donc la mise en scène doit être très cinématographique, avec beaucoup de plans variés, un jeu de profondeur appuyé par du flou. Sauf qu'exploiter la grammaire de cette sorte, finalement, c'est adopter un langage propre à un film de genre autre qu'une simple comédie 'veau de ville'. Au point d'appuyer les performances déjà cabotineuses des acteurs. Ces gros plans grimaciers sont assez pénibles à supporter, tout comme ces déplacements de personnages marqués par une caméra qui couvre tous les angles possibles. Et cette utilisation maladroite du flou, qui est censé isoler un personnage mais qui ici n'a aucun sens au vu du rythme imposé par les dialogues.


L'appartement est tout de même bien joli : bien bourge, à l'image du personnage principal, qui jouit de la vue phallique de la tour Eiffel. L'espace est bien filmé, on se repère dans les différentes pièces principales (encore heureux me direz-vous vu qu'il n'y en a que trois, mais quand même, certains auraient échoué). La photographie manque un peu de simplicité, y a trop de retouche en post-prod, trop de soin, trop de plans 'jolis' (ils ne le sont pas vraiment, mais on sent qu'il y a un travail esthétique malgré tout) et ce n'est vraiment pas ce que demandait le scénario.


Pour faire simple Berry échoue à se mettre au service de son histoire. À vouloir trop faire un film de cette pièce, il finit par oublier son scénario et les règles élémentaires de mise en scène. Et c'est ça qui est navrant. mais peut-être pas aussi navrant que le comportement crétin de ces gens qui se prennent pour des justiciers de plus en plus au quotidien.


Dans quel monde de merde vivons-nous ?
Un gars de The Voice a été éliminé parce qu'à 17 ans il avait écrit des blagues un peu idiotes. Bordel il était jeune, on a tous dit des conneries à cet âge-là !
Music se fait descendre juste pour une bande annonce.
Ce qui me fait rire (façon de parler), c'est que les gens ont peur de se retrouver dans un état totalitaire avec la Covid et les mesures gouvernementales restrictives... mais on y est déjà, et ce n'est pas à cause d'un gouvernement, mais à cause de gens qui ne supportent pas quand ça déborde, quand ce n'est pas parfait. D'ailleurs ce n'est pas pour rien si les partis extrémistes ont de plus en plus de points aux élections.


Je suis un auteur de BD sur Facebook, le type est prof, il a sorti un album récemment ; une personne a laissé un commentaire négatif un peu ambigu. L'auteur s'est empressé de faire une capture d'écran sur le commentaire de ce type et de la publier sur son mur. Mais quel intérêt de faire ça ? L'auteur veut mettre en avant le fait que c'est un facho. Du coup, beaucoup de ses fans le soutiennent et insultent le 'critique' (si on peut l'appeler ainsi). Les rares fans qui questionnent sa démarches sont priés de quitter la page tout simplement. Parce que s'ils questionnent la démarche de l'auteur, ça veut automatiquement dire qu'ils soutiennent ce critique en herbe et par-delà qu'ils soutiennent le racisme dont il ferait preuve. A cette ingénieuse argumentation s'ajoutent des commentaires de la plus haute pertinence du genre : "le racisme n'est pas un avis", "les racistes n'ont de toutes façons pas droit à la parole". Le racisme n'est pas un avis ? ok... je ne sais même pas quoi répondre à ce genre de postulat. Les racistes n'ont pas droit à la parole ? Ok, donc un défaut suffit à condamner une personne. Mais est-ce que les gens s'interrogent eux-mêmes sur leurs propres défauts? leur propre comportement ?


Si la télé, les cinémas, les service de streaming faisaient comme les spectateurs qui appellent au boycott et à la censure dès qu'un acteur fait une connerie, et sélectionnaient les spectateurs en fonction de leurs vertus, je crois qu'il n'y aurait plus grand monde pour voir des films.


Bon, j'ai beaucoup digressé, mais fallait que ça sorte.


Pour faire bref : le film n'est pas bien terrible mais il n'est clairement pas offensif comme certaines personnes voudraient le faire croire.


PS : j'ai oublié de le dire dans le feu de l'action, mais j'ai quand même ri deux ou trois fois durant le film, comme quoi certaines blagues n'étaient pas si mauvaises... mais ça reste un quota assez faible pour un film de 90 minutes.

Fatpooper
3
Écrit par

Créée

le 23 févr. 2021

Critique lue 291 fois

5 j'aime

9 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 291 fois

5
9

D'autres avis sur Nos femmes

Nos femmes
Beezell
3

BEAUF

♫ Musique ♫ Max, Paul et Simon, amis pour la vie, se retrouvent ce soir pour jouer aux cartes et manger des pizzas. Mais lors de l'arrivée de Simon, il apprend à ses deux amis qu'il vient de tuer sa...

le 27 mai 2015

10 j'aime

2

Nos femmes
Citizen-Ced
4

Les hommes viennent de Mars, les femmes font chier

Ce film est contestable sur teeeeeellement de points ! Déjà faire une comédie avec la violence conjugale comme point de départ, c'est moyen. Si en plus les seules femmes présentées sont une...

le 4 mars 2016

7 j'aime

Nos femmes
Eliot_Mini
5

Ce qui s'est passé au théâtre n'est pas resté au théâtre... et c'est dommage.

Cette critique n'engage que moi. Je ne sais vraiment pas quoi penser de ce film... Alors je vais profiter de cette critique pour mettre de l'ordre dans ma tête. Nos Femmes, réalisé par Richard Berry,...

le 17 oct. 2015

7 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55