Slash qui côté zique n'a plus rien à prouver de son génie, s'est toujours vanté d'être un amateur de films d'horreur. Alors fortune aidant, il s'est fait plaisir en fondant sa boite de prod' : "Slasher Films" et s'incruste dans le monde de l'épouvante avec une pelloche baptisée "Nothing Left To Fear". Tourné en 3 semaines pour un modique budget de 5 millions de billets verts, le film a été projeté sur quelques écrans US en Octobre 2013 puis proposé en VOD sur iTunes et finalement mis en vente, uniquement aux States en BR/DVD depuis peu.
Slash s'est chichement impliqué au niveau du score : pas un riff n'est balancé mais tout au plus quelques distorsions et arpèges. Il a toutefois convoqué son chanteur Myles Kennedy sur la chanson éponyme du générique de fin qui reprend les mêmes thèmes lancinants et atmosphériques de la B.O. *
V'là l'topo : une famille de citadins bien lisse débarque dans un bled du Midwest au charme bucolique pour y emménager. L'accueil leur semble idéalement chaleureux pour qui aime vivre dans une communauté de fanatiques catholiques du genre à prier tous ensemble, debout, les yeux fermés, en se tenant la main.
Le scénario est recalqué, polycopié, photocopié et scanné sur des thèmes, des ambiances et des rebondissements maintes fois éprouvés dans le genre. Les stéréotypes n'épargnent pas la galerie de personnages : le redneck bourru et méfiant qui les accueille, le beau-gosse énigmatique et sensible (Ethan Peck d'une inconsistance effroyable), la jouvencelle seule contre tous, un couple de parents lobotomisé de bienveillance, un petit-frère espiègle et choubidou...
Côté "star", on y croise dans le rôle sans saveur de mère de la tribu, Anne Heche vue dans "Donnie Brasco", "6 Days, 7 Nights" ou "Psycho" et Clancy Brown ("Starship Troopers" et le génial Kurgan d"Highlander") en gourou de secte.
Le film est collé sur les épaules de Rebekah Brandes, une jolie bouille boudeuse sous une longue mèche à peine rouquine mais surtout bénéficiaire d'une insolente et lourde poitrine hypnotisante qu'elle contient tout le long sous des fringues moulants. C'est pitète un raccourci sexiste mais tout son charisme se dresse ici et sa mièvre bleuette avec le soporifique Ehan Peck n'envie rien aux prod' AB !
La réalisation est confiée à Anthony Leonardi III. Pour son dépucelage cinématographique Slash lui a fourni du beau matos qu'il utilise correctement en amortissant sa palette de filtres, allant d'un flouté façon David Hamilton pour les séquences d'amourette jusqu'à une photographie sombre pour la dernière partie. Ces 30 dernières minutes sauvent "Nothing Left To Fear" d'un ennui consommé au préalable, en rentrant enfin dans le vif du sujet et dans l'épouvante grâce à des maquillages et des effets admirables en connaissance du budget. Hormis deux scènes de cauchemars qui maintiennent les paupières éveillées, la première heure est une succession de scènes anodines de vie de famille, de communauté et de gnangnan ado plombant péniblement le film.
En tant que fan revendiqué, Slash aurait pû confier sa cagnotte à un projet plus audacieux ou à un remake honnête façon Aja ou "Evil Dead" ou pourquoi pas envisager une collaboration avec son collègue Rob Zombie (en v'là une idée qu'a d'la gueule !)
"NLTF" est tout de même un comble pour un guitariste tel que Slash de s'y être pris comme un manche !...
* http://www.youtube.com/watch?v=H6thxzsimKo