Nuits sanglantes
6.1
Nuits sanglantes

Film de Jeff Burr (1987)

Souvent, les fils conducteurs des films à sketches sont très minces, voir inexistants, sauf dans de rares cas, comme ce le fut pour Cat's Eye, ainsi que maintenant, avec ce Nuits sanglantes.
Une journaliste, qui vient d'assister à l'exécution d'une condamnée à mort, ira voir l'oncle qui a élevé cette dernière afin d'en savoir un peu plus sur elle. Il décidera de lui expliquer que le mal a toujours été au coeur de cette petite ville, Oldfield, lui narrant quatre histoires, toutes plus sanglantes les unes que les autres.

Partant dans une chronologie inversée, la première histoire nous narrera la vie insupportable d'un homme, laid, délaissé par les femmes et obligé de s'occuper à longueur de temps de sa soeur souffrante, et qui, devenu fou, tuera une femme dont il est amoureux. L'étreignant après sa mort, il aura le droit plus tard à une surprise cauchemardesque.
La seconde nous propose de suivre un criminel qui grièvement blessé par un coup de feu, sera laissé pour mort près des marécages. Il se réveillera aux côtés d'un homme qui prendra soin de lui, mais comme le mal ne meurt jamais, il tentera de voler le secret de celui-ci, qui traverse les âges sans prendre une ride.
La troisième prendra place dans un cirque, où la meneuse tient d'une main de fer ses « monstres », des personnes normales auxquelles elle a offert des pouvoirs pour qu'ils puissent briller sur scène. L'un d'eux, tombé amoureux d'une femme, s'enfuira, sans se douter de la vengeance qui pèsera sur lui.
La dernière nous emmènera en pleine guerre de sécession, où des enfants, pour venger les membres de leurs familles morts au combat, captureront une bande de soldats afin de leur faire endurer les pires souffrance.

Doté de sketches aux histoires intéressantes et en lien direct avec le fil conducteur, l'oeuvre tente de donner une raison aux maux qui troublent le présent.
La violence engendre de la violence, et c'est là qu'est toute la raison d'être du film, sans oublier la vengeance, qui tient une part importante (dans la première un homme se venge de la vie, dans la troisième la meneuse se venge de son subordonné, et dans la quatrième ce sont les enfants qui se vengent), nous prouvant qu'elle ne mène jamais à rien, sinon à plus de violence.
Malheureusement, si le tout s'avère bien ficelé, la réalisation se montre bien moins satisfaisante, souvent inégale, et souffrant d'un cruel manque de têtes connues, hormis évidemment celle de Vincent Price.
On notera néanmoins quelques clins d'oeil sympathiques, notamment à Lovecraft, comme une banderole affichant « Lovecraft's Traveling Amusements », ou encore la phrase dite par Vincent Price « son histoire a été écrite en lettres de sang sur des pages faites de peau humaine » (tout comme le Necronomicon, livre fictif aux pouvoirs magiques, inventé par Lovecraft et auquel il fait souvent référence — un film à sketches porte d'ailleurs son nom, réalisé en 1993, et adaptant quelques nouvelles du maître).

Bref, Nuits sanglantes est une oeuvre originale et intelligente, apportant un plus à la méandre de films à sketches, mais c'est également ses qualités qui en font ses défauts, ne prêtant jamais à rire, ni à faire vraiment peur, bien que quelques effets, pourtant cheap, réussissent à se montrer suffisamment malsains pour marquer les esprits.
Un bon fond, mais hélas une forme boiteuse qui ne manquera pas de sauter aux yeux des amateurs, même s'ils ne pourront pas en nier l'originalité, qui en fait une oeuvre complètement à part.
Pour conclure, les amateurs de frissons, de gore, et de rigolade ne seront pas à la bonne, en revanche ceux qui espèrent toujours un peu plus d'un film d'horreur pourraient y trouver quelque chose d'intéressant. Ceux qui souhaitent voir ça en famille auront tout aussi bien à éviter, certaines scènes se montrant particulièrement dures.
Mention spéciale pour Vincent Price, qui signait ici un de ses derniers films, et qui malgré son âge avancé a réussi encore une fois à imposer son style macabre dont il était devenu le maître.
SlashersHouse
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le 2 mai 2011

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