Les erreurs de parcours. Elles peuvent vous flinguer une carrière. Pour l’ancien couple Jeff Goldblum-Geena Davis, rencontrés sur le tournage de Transylvania 6-5000 (une autre belle erreur), ce film à effacer c’est Objectif Terrienne, un nanar hors catégorie dans lequel ils se sont bien fait arnaquer à l’époque. Probablement vendu à leurs agents comme une comédie romantique déjantée avec des chansons et des extraterrestres, le script pouvait proposer un délire effectivement décalé, avec l’arrivée de ces extraterrestres libidineux découvrant les mœurs de la planète Terre, le tout entrecoupé de chansons pop entraînantes. On a bien dit "pouvait"…


Car cette adaptation filmique de la chanson "Earth Girls Are Easy" de Julie Brown (qui apparait naturellement dans le film) est non seulement une idée aussi bienvenue que saugrenue mais elle arrive malheureusement un peu trop tard, son EP "Goddess in Progress" étant pour beaucoup oublié depuis longtemps. Financé par le Crédit Lyonnais (sans blague) et réalisé par Julien Temple, papa de Juno, qui a forgé sa carrière sur d’innombrables clips et documentaires sur le punk mais s’est également essayé à la comédie musicale avec Absolute Beginners en 1986, le long-métrage souffre de tous les défauts inhérents à une production hasardeuse : acteurs en totale roue libre, dialogues de série Z, scénario écrit par un gamin de six ans, parties musicales datées, direction artistique calamiteuse, costumes risibles, effets spéciaux de bousin de vache atrophiée…


Le film est un vomi artistique peut-être efficace en tant que clip coloré des années 80 mais difficilement appréciable en tant que tel. Surtout qu’il est tout de même sorti deux ans après le succès de La Mouche pour le couple star et un an après BeetleJuice pour Madame. Et puis quand on y pense, même en 1989 il n’y avait plus de clips aussi bariolés. Car, autre détail croustillant, le film a connu un tournage compliqué impliquant des producteurs capricieux, des scènes remaniées et d’autres rajoutées au dernier moment tandis que la société de distribution fit faillite entre-temps, noyant presque le film dans l’œuf avant que Vestron Pictures ne daignent le distribuer en salles en 1989, soit quatre ans après la pré-production. Chez nous, ça sera en vidéo en 1992.


Nanar visuellement repoussant dont les acteurs cabotinent à tout bout de champ, Objectif Terrienne réussit pourtant l’exploit de demeurer un tant soit peu sympathique, principalement grâce justement à son décalage constant, au jeu ahuri d'une Geena Davis sexy comme jaja, à celui sans retenue d’un Jim Carrey encore débutant et à – n’ayons pas honte de le dire – quelques passages musicaux entrainants. À voir, ne serait-ce que pour le court passage de nos Teletubbies poilus laissés à eux-mêmes dans un appartement.

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le 11 juin 2020

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