Après le moyen Toc Toc dont je vous ai parlé récemment, je continue mon exploration du catalogue de films espagnols de Netflix. Et parfois, cela peut s’avérer douloureux. Notre dernière trouvaille, Ocho Apellidos Catalanes (2015) n’aura pas engendré les fous rires qu’il essaie de nous faire prendre. Pire encore, le visionnage fût aussi plat que l’encéphalogramme de la grenouille. On comprend ce que le réalisateur confirmé Emilio Martinez Lazaro (El Otro Lado de la Cama, Los 2 Lados de la Cama) essaie de faire passer comme messages. Mais on sent que Ocho Apellidos Catalanes est un film réalisé essentiellement pour un public espagnol, qui vit en Espagne, avec ses clichés, ses traditions, ses contradictions. Mais du coup, quand on n’est pas tous les jours dans ce contexte, même pour un espagnol comme moi mais vivant en France, difficile de se fendre la poire. Et comme je le dis souvent, une comédie où on ne rigole pas…


Mais reprenons la chronologie des choses. Bienvenue chez les Ch’tis sort en France et est un succès phénoménal. Le film fait plus de 20 millions d’entrées et chacune de ses diffusions à la télévision fait péter les scores d’audience. Peu importe qu’on aime le film où pas, il faut reconnaitre à Dany Boon d’avoir su exploiter le filon du régionalisme en France, en jouant avec les clichés. Le film a même été un succès en Espagne avec près de 600000 entrées, ce qui pour un film français est un score élevé. Ce succès a donné des idées au réalisateur Emilio Martinez Lazaro qui en 2014 sort Ocho Apellidos Vascos, qui va, comme son homologue français, jouer sur les clichés du régionalisme espagnol. Le succès est immédiat. Le film fait 9.5M d’entrées, générant la coquette somme de 56,2 millions d’euros, devenant ainsi le plus gros succès pour un film espagnol en Espagne, et même le deuxième plus gros succès de tous les temps après Avatar. Cette réussite est due au fait que le film parle avec humour, bien que caricatural, de thématiques souvent taboues en Espagne, comme le terrorisme. Rien d’étonnant qu’une suite soit mise en chantier et on voit débarouler sur les écrans espagnols, dès l’année suivante, Ocho Apellidos Catalanes qui va s’intéresser, entre autres, et comme son nom l’indique, à la Catalogne. Un film qui sort en plein débat sur l’indépendance catalane et qui va viser à dédramatiser la situation politique espagnole par l’humour, en essayant de rompre avec certains clichés des différences régionales. Ce deuxième film est la suite directe du premier, bien que quelques mois semblent les séparer. On y retrouve les mêmes personnages, principalement Rafa, un andalou fêtard qui tente d’oublier avec toutes les touristes qui passent son ex Amaia, et cette dernière, une jeune basque caractérielle qui va bientôt se marier avec Pau, un artiste catalan. Avec l’aide du père d’Amaia, Koldo, Rafa va se rendre au mariage dans l’unique but de le faire capoter et de reconquérir le cœur de la belle.


Ocho Apellidos Catalanes va donc se moquer gentiment des régionalismes en Espagne. « Gentiment » car nous sommes ici dans une comédie romantique tout public. Le ton est léger, le film se veut humain, on tord les clichés qui ont la vie dure, aussi bien chez les Catalans, les Andalous, les Basques ou bien d’autres provinces d’Espagne. Mais le problème, c’est que cela reste très gentillet. Trop gentillet même. L’humour du film n’est jamais méchant, sans doute car il ne faut froisser personne, et les rires se font rares. Rares car même dans les situations qui se veulent incongrues, avec tout ce que cela implique de quiproquos, on est encore et toujours dans les mêmes clichés et stéréotypes. Non, un Andalou, ce n’est pas que des gens qui mangent la moitié des mots, qui passent leur temps à draguer et qui écoutent du Flamenco. Non, un Basque, ce n’est pas qu’avoir un caractère de merde, de boire comme un trou, et d’avoir un nom typiquement basque. Non, un Catalan, ce n’est pas qu’être branché, un peu snob, si possible hipster pour les hommes, ou boycotter tout ce qui est espagnol. Certes, il prend les clichés les plus gros pour s’en moquer, mais c’est sauter à pieds joints dans la facilité. Le problème également, c’est qu’avec ce genre de bobine dont le public cible est typiquement espagnol, on rate forcément certaines choses. Outre cela, le scénario du film est on ne peut plus prévisible. Nous sommes dans de la rom com tout ce qu’il y a de plus classique dans son déroulement, avec une fin qu’on voit venir déjà dans la première partie du film. Le film veut se moquer des clichés, mais il se vautre lui-même dans tous les clichés et poncifs du genre. Alors oui, le film se suit sans réel ennui, en partie grâce à un excellent casting qui est sans doute le point fort du film, qui semble croire à fond à ce qu’il joue. Mais c’est bien là le seul point positif de ce vaudeville à la mise en scène passe-partout, tombant parfois dans le consternant, et qui a du mal à nous arracher un rire. Oui, je le dis souvent, mais une pure comédie où on ne rigole pas, c’est une comédie qu’il est difficile d’apprécier. Il est à noter qu’il n’est pas nécessaire d’avoir vu Ocho Apellidos Vascos pour pouvoir voir Ocho Apellidos Catalanes.


En prenant pour thématique les clichés régionaux qui ont la vie dure en Espagne et en voulant leur tordre le cou, Ocho Apellidos Catalanes rate sa cible à bien des égards. On se retrouve face à une comédie romantique qui ne fonctionne pas et le visionnage pourra s’avérer pénible.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
3
Écrit par

Créée

le 30 mai 2021

Critique lue 298 fois

cherycok

Écrit par

Critique lue 298 fois

D'autres avis sur Ocho apellidos catalanes

Ocho apellidos catalanes
cherycok
3

E viva España !

Après le moyen Toc Toc dont je vous ai parlé récemment, je continue mon exploration du catalogue de films espagnols de Netflix. Et parfois, cela peut s’avérer douloureux. Notre dernière trouvaille,...

le 30 mai 2021

Du même critique

Journey to the West: Conquering the Demons
cherycok
7

Critique de Journey to the West: Conquering the Demons par cherycok

Cela faisait plus de quatre ans que Stephen Chow avait quasi complètement disparu des écrans, aussi bien en tant qu’acteur que réalisateur. Quatre ans que ses fans attendaient avec impatience son...

le 25 févr. 2013

18 j'aime

9

Barbaque
cherycok
4

The Untold Story

Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...

le 31 janv. 2022

17 j'aime

Avengement
cherycok
7

Critique de Avengement par cherycok

Ceux qui suivent un peu l’actualité de la série B d’action bien burnée, savent que Scott Adkins est depuis quelques années la nouvelle coqueluche des réalisateurs de ce genre de bobines. Mis sur le...

le 3 juil. 2019

17 j'aime

1