Comme si une femme avait besoin de plaisir pour être heureuse

Petite comédie amusante.


On ne s'ennuie pas, le sujet est traité avec beaucoup de légèreté, trop même. En effet, les conflits sont bien trop insignifiants, en conséquence de quoi on en ressort avec une impression de fadeur. L'humour suffit à amuser le spectateur, mais même là c'est parfois maladroit, rarement assez poussé. Je n'attendais pas forcément que ça devienne crade avec bannière interdit aux moins de 18 ans, juste que ça aille plus loin, que ce soit pour parler de l'émancipation de la femme, la jouissance de la femme, les avancées scientifiques : tout est trop rose (je ne suis d'ailleurs pas sûr que ce film ferait plaisir aux féministes), trop simple, trop superficiel et en même temps, ce n'est pas assez insouciant dans le ton pour faire de cette naïveté un moteur narratif (un peu comme dans "Hairspray") ; j'ai pensé à "The road to Wellville" en regardant ce film, qui n'était pas parfait, mais qui était un peu plus insolent.


Les personnages sont plutôt intéressants à la base, mais ne sont pas assez poussés ; leur exploitation laisse souvent sur la faim. Par exemple, la petite sœur m'a fait sourire à plusieurs reprises, elle aurait mérité à ce qu'o,n s'intéresse plus à son sort, mais ce n'est jamais le cas. D'ailleurs dès la première rencontre, on comprend que cette relation est vouée à l'échec et je pense que c'est grâce ou à cause à cette évidence s'autorise à ne pas aller plus loin avec ce personnage.


C'est dommage tout ça, parce qu'il y a vraiment des petits passages assez bons, comme les séances de 'soin' qui mettent un peu mal à l'aise : depuis quand filmer un mec en train de masturber une femme au nom de la science est censé être drôle ? moi ça me pose pas de problème, mais j'ai trouvé ça étrange tout de même de filmer ça comme si c'était normal, cela en dit long sur notre société au fond, d'ailleurs le film est construit sur une flopée de parallèles : l'invention du téléphone fait écho aux chats internet (on parle avec des inconnus) et au téléphone rose ; le nouveau modèle de générateur rappelle ce besoin d'avoir des appareils technologiques toujours plus petits et plus puissants.


La mise en scène est globalement correcte, mais n'est pas assez efficace lors de certains moments comiques : de ce fait, ces passages, bien que compréhensibles, ne font pas autant rire que l'on aurait espéré. C'est un peu comme quand quelqu'un raconte une blague, que la blague est très bonne, mais que le raconteur s'emmêle les pinceaux ou oublie d'insister sur certains points pour susciter le rire. La reconstitution est sympathique. J'ai beaucoup aimé le design de ces premiers vibromasseurs !


J'avoue que j'ai été surpris d'apprendre que ces godemichets électriques existent depuis si longtemps. Quand on imagine les gens de cette époque, en général, on les suppose moins ouverts, et c'était peut-être bien le cas puisque la raison officielle était de traiter de l'hystérie et non de se donner du plaisir... je viens de faire une petite recherche google et je suis tombé sur de vieilles publicités vantant les mérites de ces petites machines. Ceci étant dit, je trouve même étonnant que ces objets sexuels soient promus au travers de simples magasines de mode aujourd'hui ; c'est surtout que j'imagine mal trouver une pub pour un Masturbateur Fleshlight dans un magasine de mode pour homme, alors je suis toujours étonné qu'après la section lingerie vienne une petite section consacrée à la vente de sextoys féminins. Mais c'est peut-être moi qui suis coincé ou juste pas assez au courant de ce qui est accepté dans la société.


Bref, cette petite comédie est amusante, mais aurait pu être plus poussée à bien des niveaux.

Fatpooper
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le 15 mai 2016

Critique lue 335 fois

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Fatpooper

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