Okja
7
Okja

film de Bong Joon-Ho (2017)

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Film garanti sans OGM, sans colorant ni conservateur

Beaucoup de choses ont été dites sur ce film avant même sa sortie, surtout parce qu'il est distribué par Netflix, mais ce que je retiens, c'est que Netflix produit énormément de merdes et ce n'est pas demain qu'il va réussir à concurrencer réellement le vrai cinéma et ses salles. Par contre, s'il s'amuse à financer Herzog ou ici Bong Joon-ho on va déjà plus dans le bon sens que lorsqu'on l'on pond War Machine.


De Bong Joon-ho j'avais surtout apprécié son dernier film : Snowpiercer (plus que The Host ou Memories of Murder, bien que j'aime assez ce dernier) qui était un peu ses premiers pas très réussis dans le cinéma hollywoodien.


Okja confirme qu'il arrive parfaitement à se plier à la demande internationale, sans jamais se renier. On a dans ce film qui est quand même destiné en partie au marché US, une bonne partie des scènes qui sont tournées en coréens et donc faut lire des sous-titres, ce qui est inhabituel en Amérique et surtout ça garde une certaine radicalité. Quelque part je rapprocherai un peu ce film de The Mermaid de Chow, où la violence et la brutalité venaient également tout à coup s’immiscer dans le quotidien plutôt tranquille, les deux films ayant un message fortement écolo.


J'avais lu pas mal de délires autour d'un soi-disant film antispéciste (si l'on suppose que ce a mot a un sens), alors que c'est surtout un film contre la maltraitance animale et plus pour ce qui serait l'équivalent d'un animal domestique que d'une poule. Et je trouve que ça fonctionne vraiment bien, plusieurs fois le film était super juste dans ce qu'il montrait, il arrivait à garder une certaine sobriété et ne tombe jamais dans le pathos absolu.


Surtout que Bong Joon-ho s'amuse avec les caricature, on voit donc Tilda Swinton reprendre un peu son rôle de bourgeoise mégalo de Snowpiercer et c'est sans parler de Jake Gyllenhaal qui est en roue libre. Tout ça aide à caractériser la farce, mais sans jamais perdre en dramaturgie, le film reste fort et poignant. Il décrit alors un univers vraiment semblable au notre, mais où la démesure l'a emporté, où les patrons de Monsanto ne se contiennent plus et où toutes les manipulations de l'opinion publique sont possibles afin d'avoir un petit côté colo qui rassure le consommateur. Bon en vrai on n'est pas loin du tout de la réalité... Mais le fait que l'on ne si situe pas totalement permet malgré au film d'avoir son univers propre et de pouvoir raccrocher ce film à une belle petit fable. La folie de ce monde passe également par la mise en scène, notamment une scène, où Okja est enfermée, la pièce rectangulaire est filmée en plan zénithal, mais le cadre du plan est légèrement incliné par rapport à la pièce, on voit alors Okja déambuler d'un bout à l'autre de la pièce, sans jamais réellement être dans le cadre une réelle impression de malaise sort de là.


Le film n'est pas non plus dénué de suspens, il faut dire qu'il sait y faire, je me suis souvent demandé comment ils allaient pouvoir s'en sortir, même s'il y a des victoires qui ont plus des goûts de défaite et je dois dire que l'avant-dernière séquence est vraiment déchirante. Et puis il y a cette tension limite poétique, comme lorsque Paul Dano regarde la gamine et lui dit de ne pas se retourner, tout est là...


Je trouve le film assez complet dans le panel d'émotion qu'il fait vivre, mais également dans son discours, il semble s'en prendre aux multinationales, mais également à leur "greenwashing", tout en dénonçant certaines actions des militants écolos qui pour mieux dénoncer laissent souffrir des animaux.


Bref, j'ai beaucoup aimé et ça va me motiver à voir Mother.

Moizi
8
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le 28 juin 2017

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Moizi

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