On se calme et on boit frais à Saint-Tropez par pierrick_D_

Juliette,jeune parisienne de bonne famille,n'a pas bien travaillé à l'école,ce qui lui vaut d'être punie en passant ses vacances à Pornichet.Mais la gamine est une rebelle et elle se barre en cachette de ses parents à Saint-Tropez pour y retrouver son petit ami Renaud,étudiant en médecine et queutard insatiable,qui squatte une superbe villa avec son pote Patrice,animateur sur la radio locale.Alors qu'elle s'embrouille avec Renaud à propos des infidélités du mâle en rut,voilà-t-y pas qu'elle tombe nez à nez avec Paul,son sévère papa,supposé être à Genève pour affaires et qui se baguenaude à Saint-Trop au bras de sa jeune maîtresse.Père et fille concluent un gentleman agreement,"tu m'as pas vu,je t'ai pas vue",hélas Béatrice,la maman bernée et épouse trompée,débarque à son tour sur la Côte,ce qui intensifie le vaudeville."On se calme" est l'ultime épisode de la trilogie tropézienne de Max Pécas et le dernier film du réalisateur,qui prendra ensuite une retraite bien méritée jusqu'à sa mort en 2003.Il produit le film et s'est entouré de collaborateurs habituels comme l'opérateur Jean-Claude Couty ou le musicien Bob Brault,dont les compositions entraînantes ont tendance à se répéter.Tout ça sent le baroud d'honneur d'un bis français finissant,comme en atteste la présence au scénario de Claude Mulot et Didier Philippe-Gérard,deux copains de Maxou plus connus en tant que réalisateurs de porno sous les noms de Frédéric Lansac et Michel Barny.Accessoirement Mulot est décédé à St-Trop en se noyant peu après la fin du tournage.La grande différence avec les deux opus précédents est qu'on ne nous fourgue pas cette fois l'imbitable sous-intrigue polardeuse parasitaire et que le script se contente de développer un vaudeville familial à tiroirs parfois très drôle même si l'humour n'est évidemment pas des plus subtil.Il est dommage que ça s'écroule complètement dans une dernière partie totalement foireuse qui voit la bande de jeunes se livrer à tout un tas de manoeuvres débiles en se déguisant de diverses manières pour empêcher Béatrice de se venger de son mari en le cocufiant à son tour,l'idée étant de rabibocher le couple.Car bien sûr tout se déroule selon l'optique machiste de ces comédies pécassiennes qui veut que les hommes en prennent à leur aise et tringlent tout ce qui bouge mais deviennent fous de jalousie dès que bobonne entend faire pareil.Par conséquent,après que ces messieurs se soient bien soulagés en compagnie de quelques gourgandines,ils s'emploient à éviter de porter les cornes et à recoller les morceaux avec leurs dulcinées sous le regard amusé de celles-ci qui en réalité n'ont aucune envie de les tromper et utilisent honteusement leurs soupirants afin de provoquer leurs mecs.Les personnages sont donc tous dotés de morales douteuses,qu'ils soient hommes ou femmes,et l'abjection va assez loin dans la mesure où on va jusqu'à offrir la maîtresse de Paul au prétendant de Béatrice dans le but de "dédommager" celui-ci,avec en plus l'assentiment d'Alexandra qui est une femme vénale.De plus la façon qu'ont les personnages d'analyser la situation laisse pantois.Juliette veut réconcilier ses parents car elle se sent coupable de leur séparation vu que sa mère est venue là après avoir compris le subterfuge de sa fille,mais sans savoir que son mari y était aussi.Certes,mais c'est ainsi dédouaner l'époux adultère,seul vrai responsable de la situation.Cette vision datée de l'amour et de la sexualité semble surprenante,ça a quand même été tourné en 86,mais la mentalité des auteurs est corrélée à leur âge,il faut savoir que Pécas est né en 1925.Sinon on retrouve le cadre de Saint-Tropez avec les endroits habituels,le port immortalisé par Girault et de Funès dans les "Gendarme",la villa avec piscine,la plage,la boîte de nuit,les yachts,les petites routes de l'arrière-pays,avec une nouveauté pour l'occasion,le studio de radio où officie Patrice.Les protagonistes sont plutôt sympas,y a du soleil et des nanas pas frileuses qui nous valent un déluge de plans nichons et strings,certaines scènes sont marrantes,à l'exemple des ruses de Juliette et ses amis pour faire croire qu'elle se trouve en Bretagne ou des plaisanteries lourdes de l'abruti Norbert,la constitution de la petite bande de la plage est plaisante et si ce n'était la fin ratée ça aurait pu être de loin le meilleur film de la trilogie.Le casting est comme souvent baroque et mêle permanents du Pécas Show et acteurs plus ou moins occasionnels.Le duo phare de jeunes couillons est composé du beau gosse Eric Reynaud-Fourton,qui succède dans cet emploi à Xavier Deluc et Philippe Caroit,et du rigolo Luq Hamet qui vient après Yves Thuillier et Jean-Michel Noirey.Etrangement les gars s'en sortent bien,peut-être parce que ce sont surtout des théâtreux,mais ils ne feront pas carrière au ciné.Reynaud-Fourton n'a fait que deux films et Hamet est plus connu comme doubleur,il fait notamment la voix française de Marty McFly dans les "Retour vers le futur",et comme présentateur télé,c'est sans doute pour ça qu'on le voit très à l'aise en animateur de radio.Il a présenté pendant six ans une émission jeunesse intitulée "Hanna Barbera Dingue Dong",qui comme le nom l'indique diffusait des dessins animés Hanna-Barbera.La jeune première est Leila Fréchet,qui joue faux comme si sa vie en dépendait.Des performances atroces on en a vu mais parler à ce point à côté du tempo c'est du grand art,avec en prime une des séances de rire les plus gênantes de l'Histoire du Cinéma,vraiment on a honte pour elle et même dans ce contexte peu relevé son jeu jure salement.Mais il y a une compensation,son hallucinante paire de nibards qu'elle dévoile en continu vu qu'elle passe quasiment tout le métrage topless.Elle non plus n'a pas fait de vieux os dans le métier vu que c'est le dernier de ses cinq films.Dernière apparition ciné également pour Noële Noblecourt,qui joue sa mère.Alors elle c'est un cas particulier car ce fut une des premières présentatrices de la télé française,dont elle fut virée en 64 pour avoir montré ses genoux,gros scandale à l'époque.Eh oui,on vient de loin,là.Elle poursuivit ensuite une petite carrière de comédienne qui prit donc fin à Saint-Tropez.Son soupirant est Patrick Guillemin,excellent acteur qui s'est parfois égaré chez les bisseux,tandis que la maîtresse du papa n'est autre que Brigitte Lahaie,qui tentait alors de négocier son virage post porno pour s'imposer dans le cinéma "normal",mais comme elle n'a participé qu'à des navets de ce genre ça n'a pas marché.On a un duo de fausses finlandaises pas farouches incarnées par Krystina Ferentz et Véronique Catanzaro.La première a principalement fait carrière à la télé sous le pseudo de Bettina Antoni.Comme Alexandra Lorska et Dominique Guirous,vues dans "Les branchés",elle fit partie des Coco-Girls de Collaro,et elle a brièvement animé une émission avec Georges Beller,"Salut les artistes".Quant à Véro,superbe blonde,sa carrière fut courte mais c'est une légende du ciné érotique hexagonal.En plus elle n'était pas dépaysée puisqu'on l'a vue en vedette deux ans plus tôt dans le "Saint-Tropez interdit" de Benazeraf.Marcel Philippot n'a qu'une scène mais elle est mémorable car on le voit tenter de se faire Hamet travesti en soubrette dans une salle de bains,Luq protestant "mais je ne suis pas une femme!",Marcel lui rétorquant "ça fait rien,je t'emmènerai au Brésil te faire opérer!".On se croirait dans "Certains l'aiment chaud" quand Joe Brown réplique à Lemmon "nobody's perfect!".Pour ceux qui l'aurait oublié,Philippot était le client mécontent dans la série "Palace",celui qui essayait toujours de coincer Philippe Khorsand et prononçait sur tous les tons le célébrissime "je l'aurai un jour,je l'aurai!".Autre habitué de St-Trop,Frédéric Deban qui sera plus tard une des vedettes de la série "Sous le soleil" et qui tient ici un rôle secondaire.Quelques figures du Pécas Guignol's Band pour finir avec dans son dernier film Daniel Derval,le champion incontesté de l'emploi de folle tordue dans la comédie Z,ce gros frisé extraverti ayant beaucoup interprété les invertis chez Pécas,mais aussi chez Philippe Clair et Michel Vocoret.On a aussi Sylvain Green,dont c'est également le dernier film et qu'on a vu cinq fois chez Max,qui est ici crédité sous le nom de Sylvain Chamarande.Son histoire familiale est abominable car il est décédé en novembre 2001,peu avant sa mère,la comédienne Amarande,partie en mars 2002,et sa soeur,la comédienne Brigitte Chamarande,décédée trois jours après sa mère.Andrée Damant,qui tourne essentiellement dans le Midi,fait sa petite apparition et Claude Bruna endosse son traditionnel rôle de loser,ici un play-boy minable qui n'arrive pas à emballer et finit par tourner pédé et atterrir dans les bras de Derval.