Only God Forgives repose sur un pilier central: la lenteur. Tout ce qui le constitue va dans ce sens, que ce soit au niveau du scénario, de la façon dont le film est filmé ou le jeu des acteurs. Et c'est bien ce qui le rend particulièrement marquant, le genre de film qu'on n'oublie pas et qui, en sortant du visionnage, ne peut nous laisser indifférent, d'où les avis très tranchés ou mitigés.
Personnellement, j'ai beaucoup aimé.
L'aspect visuel du film est une claque. Chaque plan est pesé, les cadrages bien précis (qui mettent en valeur le personnage et/ou rendent la scène intéressante) sont passionnants, troublants, et on nous laisse les apprécier à leur juste valeur. Nicolas Winding Refn nous livre là un tableau fait de couleurs et d'ombres qu'on admire les yeux grands ouverts.
Se collant aux images, la bande originale électro de Cliff Martinez me semble moins marquante que pour Drive, et pas forcément à la hauteur, nous laissant sur un air de déjà entendu.
On se laisse emporter dans cette atmosphère toute en intensité, en froideur violente, Les jeux d'acteurs sont justes, sans fioriture, avec un Ryan Gosling qui a la même prestance, le même charisme que dans Drive, et une Kristin Scott Thomas dans le rôle de la mère diabolique et castratrice ultra crédible.
Les dialogues sont très peu fournis, et le rythme empêche les nombreux rebondissements mais l'essentiel est là: le scénario avance doucement mais sûrement, ponctué de règlements de comptes extrêmement barbares qui nous font frémir. On va à l'essentiel de façon crue et violente, dans la rougeur et la noirceur d'une ville calmement plongée dans la nuit. On contemple et on apprécie.