Operation Red Sea
5.7
Operation Red Sea

Film DTV (direct-to-video) de Dante Lam (2018)

Il est certain qu'on ne choisit pas de regarder Operation Red Sea pour la subtilité de son analyse géopolitique, ni même, d'ailleurs, pour toute forme de subtilité qui soit. On souhaite justement le contraire : de la violence moderne, brutale, des séquences tactiques et des manœuvres périlleuses en situation de guérilla urbaine. Et c'est ce qu'on nous raconte ! Mais comment être si mauvais dans l'art de raconter une histoire ?


Opération de sauvetage qui tourne en fuite pour la survie, le scénario lorgne du côté de Black Hawk Down de Ridley Scott, avec une légère adaptation culturelle et quelques élans patriotiques qui ne seraient pas gênants s'ils étaient incorporés correctement au récit. Car ce qui plombe le film du début à la fin, c'est sa mise en scène et son montage. Le réalisateur semble n'avoir aucune idée des possibilités offertes par le cinéma, et se borne à tout réduire à deux choses : mouvement et vitesse. Tous les plans sont mobiles - je ne me souviens pas d'un seul plan statique - et le montage les propulse à la figure du spectateur comme les débris d'une explosion. C'est un style, dira-t-on. Mais sur 2h20, sans laisser le temps de souffler, et surtout sans distinguer les différentes tonalités séquentielles (planification, dialogue, combat, élément transitoire, etc.), c'est de l’illettrisme. Un illettrisme apparemment accepté par les amateurs de Michael Bay, qui verront probablement dans Operation Red Sea une honorable nouvelle itération de cette grande pauvreté de mise en image qu'ils prennent pour un style.


Un minimum de sensibilité cinématographique pousse cependant à souffrir de cette course aux panoramiques et travellings, et à constamment questionner les choix de montage, qui vont du simple gâchis de rushes par empressement rythmique à l'incongruité totale dans l'agencement des plans et du déroulement des séquences. Vous connaissez certainement cette personne qui n'a aucun talent pour raconter ce qui lui est arrivé, qui découpe inutilement l'action et utilise toujours les mêmes mots, les mêmes figures de style. Cette personne qui rend pénible le moindre récit de pot de confiture cassé au rayon petit déjeuner de Carrefour. Cette personne qui commence et termine toutes ses phrases de la même façon. Cette personne, c'est Dante Lam, et vous êtes son public déconfit.

Nahitsu
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le 1 nov. 2019

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