Cocteau, mondain comme il en a l’habitude, avec les tics qui vont avec, mêlant sans aucun doute vie privée et vie publique, parlant beaucoup trop (généralement pour ne rien dire, pour passer le temps, pour faire la conversation), redondant jusqu’à l’épuisement, avec une poésie parfois séduisante mais souvent pathétique, ne trouve grâce qu’avec ses classiques effets spéciaux.
Difficile de commencer sa cinématographie par un chef d’œuvre et de se renouveler tout en maintenant un haut niveau d’exigence. La tentation de répéter le même film, avec des variations certes, est grande et donne lieu généralement à de pâles copies, sans originalité, guère digne d’intérêt. Tel est le cas de Orphée qui, avec un scénario nouveau, cherche à nous resservir plus ou moins la mise en scène de la Belle et la Bête, la grâce en moins évidemment. Résultat : fascination, il est vrai, suscité par cette « magie » de l’image, mais grande lassitude, causée par ce scénario qui patine, tous ces dialogues et ces scènes en trop, ce manque criard de justesse, la théâtralité excessive d’un Jean Marais peu crédible et aux tics peu virils (ne s’accordant guère au personnage incarné), ce microcosme parisien qui prétend atteindre l’universalité d’un mythe.