Près de trois ans après le semi-échec du pourtant délirant Gremlins 2, le cinéaste Joe Dante revenait sur les écrans géants avec ce projet ô combien personnel, mais qui ne connaîtra malheureusement qu'une exploitation confidentielle et grillera momentanément Dante auprès des studios.


Volontairement anachronique, Panic sur Florida Beach permet à Joe Dante de livrer son petit hommage personnel à tout un pan du cinéma, à celui qui l'aura émerveillé et marqué au fer rouge. Un cinéma de divertissement aussi fauché que généreux, hanté par des insectes géants, par des hommes-fourmis et autres monstres en tout genre. Le cinéaste a d'ailleurs l'idée brillante de tourner lui-même un fantastique court-métrage, Mant !, dont il incorporera quelques images dans son film.


Venu de l'écurie Roger Corman, Dante n'oublie certainement pas d'où il vient et paie son tribut à ses aînés, aux magiciens et aux entrepreneurs visionnaires un peu fous qui auront façonné sa cinéphilie et l'auront construit en tant que cinéaste. Impossible de ne pas voir en ce producteur roublard et adepte du système D (fantastique John Goodman) une figure aussi mythique que l'immense William Castle, d'avantage connu pour ses tours de passe-passe digne d'une attraction de fête foraine que pour la qualité de ses productions.


Ancré dans un contexte historique et politique tendu et bien réel, Panic sur Florida Beach retranscrit à merveille le climat particulier d'une époque, en un parfait mélange d'acuité et de nostalgie. Il met également en évidence l'importance et l'influence que peut avoir le septième art sur les spectateurs, et en particulier sa résonance avec l'actualité du moment.


Bénéficiant d'une énorme côte d'amour auprès des fans de Joe Dante, Panic sur Florida Beach est effectivement un de ses plus beaux films, une sorte d'oeuvre-somme où l'on retrouve les grandes lignes de son cinéma, un de ces objets précieux et fragiles qui n'auront pas tenu longtemps face à la concurrence mais qui, bien des années après, conservent tout leur charme et leur coeur.

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le 18 avr. 2015

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Gand-Alf

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