Panique au village (2009) est l’extension de la série éponyme sortie en 2002, crée des mains expertes et de l’esprit belge (et farfelu) de Stéphane Aubier et Vincent Pater. Le format est plus long, mais la folie de ce village est toujours présente.

Les deux hommes à tout faire derrière le film ne trahissent pas l’univers crée, un monde enfantin de petites figurines en plastique ou plasticine sur des décors de maquette. Un univers coloré mais faussement naïf, qui rappelle bien des terrains de jeux pour enfants, mais où l’absurde ici présent brouille les âges. L’animation en volumes est un peu précipitée, mais toujours en mouvement, parfois trop. 1500 figurines différentes utilisées semble peu pour un tel film, mais on s’amuse de cette répétitivité et de cette simplicité dans un monde dont les limites ou les constructions sont souvent recomposées. Une guérite de gendarme devient en quelques instants une prison. Quand l’absurde ne vient pas s’ajouter avec un objet, une idée visuelle, à l’image de cette botte de foin au chocolat pour Cheval, cheval de son état.

Cheval est l’un des personnages principaux, et il se déplace comme un cheval, mais parle comme un homme, avec une voix un peu paternaliste quand il doit s’adresser à ses deux colocataires. Coboy et Indien étant un peu effrontés, un peu gaffeurs. Apprenant que c’est l’anniversaire de Cheval, ils décident de lui préparer une fête avec les habitants du village, tout en lui offrant un beau cadeau, un barbecue avec les briques livrées, même s’ils en ont reçu beaucoup trop.

C’est le début d’une longue suite de péripéties qui va faire voyager le trio, alors que Cheval est attendu pour son cours de piano avec Madame Longrée, charmante jument pour qui il a un petit faible. A la poursuite des murs de leur maison, mystérieusement volés, ils vont ainsi se retrouver au Pôle Nord, capturés par des scientifiques qui en font leurs larbins pendant qu’eux s’attellent dans leur pingouin mécanique géant à lancer des boules de neige géantes sur des quidams malchanceux. Par la suite, ils plongeront dans l’eau, toujours à la poursuite de leurs voleurs de murs.

Panique au village ne s’arrête jamais, dans l’effervescence de ses idées, poursuivant une ligne directrice aux nombreux zigzags. Le film est généreux, passant du coq à l’âne, proposant une nouvelle situation, pour mieux retomber sur ses petites pattes en plastique. Mais avec ce rythme échevelé, la confusion n’est pas loin, il faut prendre le train et ne jamais le quitter.

D’autant plus que le film propose des dialogues certes amusants, mais à la diction parfois chaotique, au ton là aussi précipité. Stéphane Aubier et Vincent Patar, en bons artisans polyvalents, participent à ce doublage, mais on y trouve aussi une belle équipe belge au doublage, dont Bouli Lanners et Benoît Poelvoorde (à peine reconnaissable avec ce débit), déjà présents sur la série, tandis que Jeanne Balibar est la petite nouvelle. La musique est signée Dionysos, les deux réalisateurs avaient déjà travaillé avec le groupe pour le clip Coccinelle, mais si elle est bonne, absurdement poétique, c’est dommage qu’elle soit si discrète. Un peu plus de bande-son, moins de paroles, n’aurait pas fait de mal.

C’est du belge, vas y fume, et même si ce serait un peu trop facile de le présenter ainsi, je ne peux m’empêcher de ne pas le signaler et le rappeler. Panique au village est un film foufou, drôle dans ses folies, dans son absurde et son surréalisme qui viennent faire voler en éclats ces images de terrains de jeux pour enfants bien innocents. Ces petites têtes blondes seraient peut-être d’ailleurs surprises devant ce long-métrage, peut-être conquises. Difficile à dire. Stéphane Aubier et Vincent Patar ne transigent pas dans l’animation de leur monde, toujours mouvant, toujours en quête d’une nouvelle idée. Mais qui a trop peur de s’arrêter pour faire souffler son histoire ou son spectateur.

SimplySmackkk
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le 20 déc. 2022

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