Une nuit moite à la Nouvelle-Orléans, quatre hommes sont autour d'une table de poker. L'un d'eux, un immigré fraichement débarqué, se sent mal, transpire, a mal à la tête, et décide de quitter la partie, 190 billets en poches. Cela n'est pas du gout de Blackie (premier rôle au cinéma de Jack Palance) qui s'en va lui régler son affaire avec ses deux acolytes. On retrouvera son corps criblé de balles sur les docks le lendemain matin. L'autopsie révèle que de toute façon, le type n'aurait pas vu le soleil se lever : la fièvre pneumonique l'aurait terrassé avant le matin.
Le film suit l'enquête conjointe de la police (Paul Douglas) et des services sanitaires (Richard Widmark) lancés sur les traces du mort et celles de ses trois bourreaux, porteurs potentiels de la bactérie, afin d'endiguer l'épidémie.
L'histoire de départ, excellente, est très bien servie par la mise en scène ultra-réaliste de Kazan. Il filme ses protagonistes suintant de sueurs dans les rues crasseuses de la Nouvelle-Orléans, sur les docks embrumés de son port et ses hangars saturés de déchargements.
La métaphore sous-jacente n'est jamais loin avec Kazan. Mais cette fois il n'est question ni de trahison et de culpabilité (Sur les quais) ni de combats sociaux (La Fièvre dans le sang, Un tramway nommé Désir...) : certains y virent une attaque contre le Maccarthysme, on y verra au contraire une charge contre le communisme. La peste comme parabole de la propagation du communisme en somme : il faut la contrôler avant qu'elle ne s'empare du pays tout entier. Pire même, du monde entier comme le sous-entend Widmark (il n'y a plus de communautés mais une seule communauté qu'il faut protéger). Ce n'est pas par hasard si la souche contaminante vient d'Europe de l'Est comme son (leur) nom le laisse entendre (Kochak, Poldi).
On sait pourtant qu'il fut membre du parti communiste et qu'il regretta plus tard sa participation à la chasse aux sorcières durant laquelle il lâcha les noms de quelques-uns de ses collègues et amis et qui entacha sa réputation, frappé d'anathème.
C'est peut-être comme ça qu'il faut interpréter l’indulgence de Widmark quand il demande, au début du film, l'impunité pour les meurtriers, porteurs de la peste. Les communistes quoi.
blig
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le 26 nov. 2013

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