Des papiers gâchés... pour un instant d'évasion?
Le petit dernier des studios Disney est un vrai nid à paradoxe... D'un côté il réunit à peu près tous les clichés existants sur la question des relations sentimentales. La rencontre fortuite entre les deux tourtereaux est introduite avec la subtilité d'un Jar Jar Binks en pleine diatribe verbale insoutenable; la présentation du monde de l'entreprise est caricaturale et représentée par quelques archétypes des plus convenus; tel ce boss à lunettes écaillées et au regard robotisé qui rentre d'office dans le top 10 des bad guys les plus inexistants. Et la trame elle-même est des plus convenus et résolu par un tour de passe passe que l'on voit venir à des kilomètres à partir du moment où le héros se voit apporté des feuilles de papier (cela dit le titre du court est en lui-même des plus évocateurs)...
Mais pourtant... mais pourtant une chose à la fois singulière et pourtant devenue si difficile à visualiser sur nos écrans anime l'intrigue : une âme. Attention je n'entends par pas là une quelconque question métaphysico- religieuse bancale et verbeuse mais simplement le ressenti d'avoir visionné un film fait par des artistes passionnés et sincères par leur travail. Et c'est ce qui qui fait la particularité de Paperman par rapport à l'ensemble des grosses productions désincarnées que l'on nous sert depuis pas mal de temps. Car la forme même du film est des plus magistrales. Les dessins mariant 2 D et 3 D sont somptueux et donnent une vie véritable aux protagonistes; leur gêne, leur affection...Tout nous éclate à la figure avec une véracité étonnante. Mais ce n'est pas tout... L'absence complet de dialogues, la mise en scène poétique de l'élément merveilleux ainsi que l'ambiance délicieusement rétro que procure l'éclat du noir et blanc sont d'autres éléments bien maîtrisés qui sont preuves de savoir faire des concepteurs mais aussi de leur connaissance de la magie qui habite les vieux classiques du studio. Bon je n'irai pas jusqu'à dire pour autant que l'on retrouve l'aura des premiers Mickey House... Mais cette domination de l'imagine sur le verbe reste tout de même appréciable à l'heure où les "héros" nous abreuvent de leur pseudo état d'âme et de leurs longues tirades sans relief...
Ainsi tout en ayant l'un des défauts les plus récurrents des productions artistiques de époque, Paperman parvient à faire passer un agréable moment. Par contre attention à ne pas se reposer toujours sur la nostalgie pour conquérir le coeur des individus; le passé peut être un doux refuge mais il ne doit pas empêcher l'améliorations des enjeux du quotidien et ci fait, l'avenue d'une refonte véritable de nos considérations sur l'imaginaire dans les temps à venir...