Paradis : Foi par pierreAfeu
Deuxième volet de la singulière trilogie d'Ulrich Seidl, Paradis : foi est probablement le plus radical des trois films. Moins frontal, et donc moins dérangeant que Paradis : amour, plus abstrait également, ce volet consacré à l'amour d'une femme pour Jésus, fait constamment le grand écart entre un point de vue objectif proche du documentaire et des plongées surréalistes totalement burlesques.
Se consacrant à nouveau à peindre le rapport particulier d'une femme à son corps et à l'amour qu'elle éprouve (ici, un amour naïf et dépourvu de pensée), Paradis : foi brouille les repères en mettant dans les pattes de la dévote un mari arabe et musulman, handicapé, revenant à la maison après deux ans d'absence. On comprend qu'Anna Maria s'est éprise de Jésus après l'accident de son mari. On comprend aussi que cet amour a remplacé celui qui pouvait auparavant la lier à ce mari désormais encombrant.
Prêchant une bonne parole primaire sans aucune réflexion (récitation basique d'un catéchisme d'école), Anna Maria partage sa vie entre des visites improbables à quelques âmes en détresse, et son amour masochiste pour un Jésus de pacotille
Comme toujours incroyablement précise et cadrée, la mise en scène d'Ulrich Seidl nous donne à voir des scènes aussi sidérantes qu'absurdes, bien souvent aussi drôles que tragiques, mettant à nu le vide affectif et charnel d'une femme profondément désemparée. Beaucoup moins brutal que Paradis : amour, mais dépourvu de la tendresse de Paradis : espoir, ce volet central s'inscrit magnifiquement dans la trilogie d'Ulrich Seidl, qui s'impose comme la plus passionnante découverte cinématographique de ce début d'année.
Notons une fois de plus la performance d'une actrice totalement vouée à son personnage : Maria Hofstätter est juste incroyable.