À l’annonce de ce nouveau Paranormal Activity, l’étonnement était au rendez-vous. Non pas que la sortie d’un énième opus de cette saga à pigeons soit une surprise. Mais plutôt que celui-ci soit difficile à placer dans la série. Nous avons comme titre Paranormal Activity : The Marked Ones. Pourquoi un titre à rallonge alors que, jusqu’ici, la saga s’était contentée de numéro ? S’agit-il de Paranormal Acivity 5 ? Il faudra attendre plus d’informations quelques mois après la sortie pour apprendre qu’il s’agit en réalité d’un spin-off pour lancer le prochain opus (qui serait soit le fameux numéro 5, soit un The Marked Ones 2, prévu pour octobre 2014). User le concept jusqu’à la moelle n’a-t-il pas suffi aux producteurs qui décident tout de même de l’étirer avec des épisodes à part ? Faut croire (le 4 n’ayant pas rapporté autant que ses prédécesseurs, avec notamment une critique encore plus assassine qu’à l’accoutumée). Mais le résultat est-il aussi lamentable qu’auparavant ?

Jesse (Andrew Jacobs) est un adolescent de 18 ans, fraîchement diplômé, qui assiste contre son gré à divers phénomènes paranormaux provenant de sa voisine du dessous. Une étrange femme qui se livre à des rites sataniques qui va être à l’origine du comportement suspicieux d’Oscar (Carlos Pratts), une connaissance. Mais aussi d’une morsure au bras dont Jesse se rendra compte un beau matin à son réveil, et qui va le rendre, petit-à-petit, distant et colérique. Renforçant autour de lui ces fameux phénomènes paranormaux, qui entraînent la mort de ses proches.

Que les choses soient bien claires : The Marked Ones cherche à se démarquer de la saga initiale. Elle en oublie le concept de base qui était de suivre une famille en proie à des phénomènes paranormaux (un démon tournant autour d’eux) et qui tentait de percer ces mystères en mettant sa maison sous surveillance vidéo (pour justifier la mise en scène subjective). Ici, il est plutôt question de possession, d’exorcisme. Ce qui n’est pas bien nouveau dans le paysage du cinéma horrifique. D’autant plus que The Marked Ones part dans bon nombre de directions, mettant au premier plan énormément de détails qui nous font perdre par moment le fil. Alors que le but était de raconter une histoire parallèle à la saga, tout en essayant de donner quelques révélations à cette dernière que seuls un œil avisé (nos héros découvrant une cassette avec les noms de Katie et Kristie, les sœurs de la saga originale, qui apparaissent en mode fantomatique devant notre héros, jeunes) et une imagination débordante (le fait que l’un des héros se retrouve, à la fin, dans une séquence du premier film, avec Katie) remarqueront les liens tout en les comprenant. Quoiqu’il en soit, l’ensemble se montre assez brouillon.

Quant à la mise en scène, le constat est inévitable : celle-ci, subjective, perd littéralement de sa crédibilité. Son but premier est de faire en sorte que le spectateur doit croire que le film ait été filmé par lui-même. Pourtant, bon nombre de détails techniques nuisent au rendu final, dont le montage (qui coupe les scènes quand ça arrange le scénario) et le script (durant plusieurs passages, vous vous demanderez : « Pourquoi tu filmes à ce moment ? Quelqu’un de censé aurait déjà posé ou éteint la caméra ! »). Tout en passant par quelques séquences répétitives, déjà vues dans la saga (le héros filmant ses proches et sa maison, servant d’introduction au film, alors que l’on s’en passerait bien).

Et pourtant, The Marked Ones se présente à nous comme le meilleur opus de la saga, voire même un film d’horreur efficace. Ce film laisse tomber le système de « caméra de surveillance » qui, même s’il se voulait crédible avec un tel concept, n’était jamais angoissant mais plutôt soporifique. Ici, retour à la classique mise en scène de [REC] et consorts, pour un scénario qui démarre dès les 15 premières minutes (alors que pour les autres opus, il fallait attendre les 15 dernières minutes). Même si la trame s’étire un peu trop, celle-ci nous propose bien plus de phénomènes paranormaux. Pas les éternelles et innocentes portes qui claquent, lumières qui s’allument/s’éteignent sans raison, une ombre qui apparaît/disparaît… Il est plutôt question de personnes tombant du ciel, de force surhumaine, de meubles en lévitation parce qu’un personnage possédé apparait soudainement tout en flottant dans les airs... De véritables séquences qui titillent enfin notre intérêt et qui fournit son petit lot de moments angoissants.

Car la caméra subjective classique (celle qui est toujours portée par un personnage et non simplement posée à un endroit du décor) permet quelques moments de frayeurs, avec des apparitions soudaines ou des « détails » qui passent subitement devant l’objectif de la caméra. Une véritable mise en scène, ingénieuse (comme ce simple mouchoir jeté d’on ne sait où, droit sur la caméra et qui surprend réellement) et bien réalisée, surtout avec un tel budget (5 millions de dollars). Avec en plus le souffle de peur poussée par le caméraman, généralement un personnage auquel on s’est attaché au préalable (car, oui, pour une fois dans un Paranormal Activity, on s’intéresse au sort de ses protagonistes).
*
Dans son délire le plus total, The Marked Ones assume pleinement d’avoir un scénario bordélique, à tel point qu’il se permet un final comme nous ne pouvions l’attendre. À savoir l’introduction (certes pendant quelques minutes) de personnages secondaires, de la racaille qui vient dégommer du possédé avec des fusils à pompe. Inattendu, voire ridicule, mais au combien efficace. Livrant un dernier quart d’heure véritablement saisissant, aussi bien du côté du divertissement que du survivor angoissant. Étonnant et prenant.

En voyant ce film, jamais vous ne vous n’oseriez penser vous amuser autant avec un Paranormal Activity. Énorme surprise que ce spin-off, qui casse littéralement les codes de la saga pour être un film d’horreur efficace et rarement pompeux. Même si les défauts sont forts nombreux, empêchant ce film d’égaler [REC], Cloverfield ou encore Chronicle, The Marked Ones n’est pas l’attrape-nigaud qu’était chaque opus de la saga jusqu’à celui-ci. Il est curieux de voir ce que va donner le nouvel épisode (va-t-il continuer sur cette lancée ou reprendre le statut de somnifère de la série principale ?).

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