Paris, Texas regroupe humblement toute la grande beauté nécessaire à une oeuvre d'art. C'est un film simple, simple car un peu comme tout le monde, mais suffisamment important pour être beau, un peu comme tout le monde. C'est un grand tiraillement constant entre la banalité et la beauté de chacun.


Ce sont ces idées simples : deux frères, un enfant, des routes, un amour et des bobines vidéos. Dans la grande mallette de l'humanité ce sont des ingrédients que nous connaissons tous un peu. Sous la caméra de Wim Wenders, ils deviennent ce bout d'universel. Pourtant il ne les rend pas plus beaux qu'il ne le faudrait dans une fiction. Il préserve la maladresse, le tremblement, la fatigue et d'un coup de ces gestes qu'on penserait à jeter ressort toute la grâce de notre simplicité. De ce rythme aux pas essoufflés, de ces rires désespérés se dégage notre universalité.
D'une manière ou d'une autre, et en réalité ce n'est pas une question de manière, nous avons tous connu ce moment là, à la plage, nous avons tous connu les enjambés de Travis dans le désert, nous avons tous connu la caravane en feu. Car fondamentalement ce ne sont que des petits moments uniques parmi tant d'autres suffisamment anodins pour nous rappeler les nôtres.
C'est une ode à l'unicité de la vie, ce film c'est une invitation au regard. Qu'a vécu ce visage que j’aperçois pendant quelques minutes de l'autre coté du quai ? Les épreuves normalement inconnues de nos voisins sont là comme captées. Mais justement, de manière tellement simple et naturelle que ce n'est plus juste l'histoire de Travis, Jane ou Hunter, non ici c'est celle de tous les voisins du monde, et donc aussi la mienne.
Je n'ai jamais mis les pieds aux Etats Unis, je n'ai pas de moustaches, encore moins de fils et je n'ai même pas le permis. Pourtant à défaut d'être Harry Dean Stanton, il devient en quelque sorte moi. Nous nous retrouvons dans un dépassement de notre subjectivité propre. On s'entrecroise entre quelques plans et cette banalité commune nous fait nous comprendre. Ou alors ce n'est qu'une impression, bien sûr ce n'est qu'une impression... C'est un amalgame étrange, un reflet qui se superpose sous cette lumière.

CASSETARACE
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le 28 mai 2020

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