On va pas se mentir, la première demi heure est difficile. Entre le halo cheap autour du carré de Sabine Azéma et le salon vert bouteille, j'ai dû faire pause plusieurs fois et me faire violence pour continuer. Faut dire que j'étais restée sur mon souvenir bienheureux de On connait la chanson (et de Lambert Wilson trop sexy à play-backer Dutronc) et là franchement je ne comprenais pas du tout où Resnais voulait en venir. C'était juste long et chiant. Je me suis endormie. J'ai été chercher des céréales. J'ai encore mis en arrière ce plan que j'avais loupé. J'ai quand même trouvé Lambert Wilson sexy et Arditi couillon. J'ai tweeté que Lambert Wilson était sexy et après je me suis fait insulter. Sabine Azéma portait à même la peau un rideau de dancing. Tout était foutu.
Il a fallu la fin du premier "acte" pour qu'enfin ça me heurte : c'était pas une opérette.
C'était du Marivaux !


Il a fallu de rien, rien qu'un changement de décor et le renouvellement de la palette de couleurs, et bim - la dernière heure et quelques, c'est le même plaisir ténu qui nous tient quand on lit On ne badine pas avec l'amour. C'est la même construction d'intrigue qui nous fait savourer les quiproquos, apercevoir avec toujours deux coups d'avance le bout du tunnel, et attendre avec un bonheur d'enfant la fin que nous connaissons déjà tous, rien que pour s'exclamer "ha, j'en étais sûr". Les chansons deviennent plus intelligentes, plus modernes aussi. On perd le halo autour des actrices et la lumière baise d'un cran.
Plus le film avance, plus Resnais détruit le quatrième mur, plus il s'amuse avec les chansons, avec les couleurs, avec ses acteurs, pour finir en apothéose dans ce boudoir chinois, kitch au possible, à réconcilier enfin l'insupportable mauvais goût de l'image et l'élégance, la construction parfaite, et l'inventivité de sa narration.
Du Marivaux, je vous dit.

NanténéTraoré
8

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 9 mai 2017

Critique lue 383 fois

1 j'aime

Critique lue 383 fois

1

D'autres avis sur Pas sur la bouche

Pas sur la bouche
estonius
3

Resnais ne connait rien à l'opérette et la massacre deux fois

Adaptation à côté de la plaque d'une excellente opérette à succès de Maurice Yvain et André Barde (1925) Contrairement à ce qu'il affirme, Resnais ne connait rien à l'opérette qu'il massacre deux...

le 5 janv. 2019

2 j'aime

2

Pas sur la bouche
Caine78
6

Mineur mais agréable

Nettement inférieur à "On connait la chanson" du même Alain Resnais, "Pas sur la bouche" contient néanmoins un certain charme. Cette adaptation d'une opérette de 1925 est pétillante et agréable, même...

le 13 nov. 2017

2 j'aime

Pas sur la bouche
NanténéTraoré
8

On ne badine pas avec l'amour

On va pas se mentir, la première demi heure est difficile. Entre le halo cheap autour du carré de Sabine Azéma et le salon vert bouteille, j'ai dû faire pause plusieurs fois et me faire violence pour...

le 9 mai 2017

1 j'aime

Du même critique

Little Dark Age
NanténéTraoré
9

don't call me nice !

RE-JOYCE ! J'ai sauté en l'air si fort en me réveillant hier matin à la simple idée de pouvoir enfin écouter cet album que j'ai fais un putain de trou dans mon plafond. Pourtant c'était pas gagné :...

le 14 févr. 2018

5 j'aime

2

Erendira
NanténéTraoré
8

Mémoires de mes putains tristes

Comme toujours chez Marquez, les hommes sont des chiens. Les femmes sont des sorcières, on meurt d'amour mais pas du choléra et le vent du désert n'en finit jamais de souffler. Il y a, dans...

le 18 juil. 2017

4 j'aime

Hit Sale
NanténéTraoré
5

Bref

C'est chiant mais y'a un ou deux morceaux bien. C'est un peu rigolo et en même temps ça se prend trop au sérieux. Parfois on dirait le début de La Femme (bien) et parfois La Femme maintenant (nul)...

le 21 févr. 2018

3 j'aime