Péché mortel
7.4
Péché mortel

Film de John M. Stahl (1945)

Tiré du livre de Ben Amos Williams, le film livre une fascinante oscillation entre film d'amour et dérive dramatique vers la folie.

Richard, écrivain à succès, rencontre Ellen dans un train en direction d'une petite ville du Texas, ils sympathisent et découvrent qu'il vont séjourner au même endroit pour leurs vacances. Richard tombe très vite sous le charme froid et assuré d'Ellen, qui, alors fiancée à un procureur décide le quitter pour épouser Richard.
Jusque là tout va bien.
Sauf qu'après ce mariage, Ellen commence à perdre pied, son obsession à demeurer la parfaite femme au foyer lui rend en horreur toutes les visites de leurs familles respectives, le petit frère handicapé particulièrement commence à devenir un obstacle encombrant, puis, enceinte l'enfant lui-même pourrait être plus aimé qu'elle, et enfin sa soeur commence à faire les yeux doux à son mari. Ellen compte bien éloigner tous ces gêneurs.

Jamais le technicolor n'aura rendu toute la noirceur d'un personnage aussi contradictoire que celui d'Ellen. Gene Tierney au sommet de sa beauté et de son talent, parvient à lui insuffler à la fois sa grâce et son charme naturel, mais surtout un amour et une détermination glaciale jusque dans la folie. Elle arrive également de manière assez subtile par des changements de ton et de posture à caractériser la personnalité dominante du personnage.
Peut-être un peu au grand daim de l'acteur Cornel Wilde qui parvient difficilement à lui tenir tête. Vincent Price parfait dans l'amoureux évincé, cabotine à merveille.

Les dialogues eux aussi, font mouche, les répliques acérées d'Ellen en particulier, lorsqu'elle annonce par exemple à son ancien fiancé qu'elle le quitte mais "qu'elle pourra quand même voter pour lui" ou lorsque se regardant enceinte dans la glace elle déclare tout haut qu'elle voudrait que "le monstre meurt".

La lente progression de l'histoire d'amour, presque subie par le personnage masculin, au thriller, de par la mort du petit frère devant une Gene Tierney calme et impassible, évolue en "court drama" lors de la confrontation finale, avec une mise en scène privilégiant plus l'aspect théâtral de l'histoire.

Le film valut avec raison une nomination à l'oscar pour Gene Tierney et un prix pour la photographie.

Bref le film parvient à créer un personnage parfait de "femme fatale" sans tomber dans des écueils faciles

Créée

le 6 juin 2011

Critique lue 449 fois

2 j'aime

Ivar

Écrit par

Critique lue 449 fois

2

D'autres avis sur Péché mortel

Péché mortel
Ugly
8

Quand le mélo flirte avec le film noir

Un an après Laura qui consacra son pouvoir de fascination, Gene Tierney incarnait ce personnage de femme possessive, égoïste, maladivement jalouse et monstrueuse, rôle très fort qui m'a beaucoup...

Par

le 9 oct. 2019

33 j'aime

27

Péché mortel
JimBo_Lebowski
7

Possession

Gene Tierney en couleurs je ne pouvais manquer cela, John M. Stahl dépeint l’actrice dans un cadre mélo-dramatique où elle sera l’incarnation de la femme vénéneuse, artificière d’un long et lent...

le 23 févr. 2015

19 j'aime

3

Péché mortel
Val_Cancun
7

Un si doux visage

A mi-chemin entre mélodrame et thriller/film noir, John M Stahl signe un film à la gloire de la belle Gene Tierney, qui aimante la caméra au point d'éclipser ses partenaires, une Jeanne Crain encore...

le 21 janv. 2021

15 j'aime

Du même critique

Revenge
Ivar
8

Tuez la reine

Très bonne surprise pour cette "petite série". Les bases de l'intrigue sont solides : une jeune femme revient dans sa ville natale pour venger son père, mort en prison des années auparavant accusé de...

Par

le 11 oct. 2011

20 j'aime

2

Veronica Mars
Ivar
8

Les dessous de Veronica

Une petite blonde pas très musclée des biceps mais bien lourde au cerveau va résoudre les énigmes sur le chemin menant à l'identité du tueur de sa meilleure amie. Ca c'est la saison une, la deuxième...

Par

le 5 sept. 2011

15 j'aime

2

Génération 90
Ivar
8

génération Winona ?

probablement ! tourné alors que l'actrice était en pleine gloire médiatique, cette comédie simple et plutôt bien vue sur les jeunes adultes paresseux ou indolents ne manque pas de charme. tout...

Par

le 19 mai 2011

13 j'aime