Si vous aussi, vous aviez adoré le film Dernier train pour Busan et que vous aviez tremblé à l'idée que l'on en fasse une suite, soyez rassurés : c'est une catastrophe. Peninsula se construit comme un survival suivant une troupe de chercheurs d'or (plutôt : de convoyeur de fonds) qui se jettent parmi les zombies de la Péninsule, où toutes les richesses ont été abandonnées lors de la fuite précédente (voir Busan). Mais si le speech de départ nous faisait (malgré tout) un peu de l’œil, la réalisation de ce projet est époustouflante d'amateurisme : une sensiblerie qui nous fait regretter Les Feux de l'Amour (zooms sur les visages perplexes, larmoyants ou hurlants au ralenti...), des courses-poursuites en animation très mal faite (largement à la ramasse des cinématiques de jeux vidéos de courses actuels) avec des cascades également mal modélisées (ça brinquebale de partout), une fin qui nous prend pour des écervelés (


les forces de l'UN qui débarquent juste quand les héros sont sur l'embarcadère, prêts à partir, alors que cela fait des années qu'elles sont aux abonnés absents et ne répondent même pas à la radio


...). Aussi, si vous le pouvez, fuyez la VF qui fait réellement plus peur que les zombies eux-mêmes, entre les voix suraiguës des fillettes, celle bourrée de bonhomie du grand-père (dont on devine immédiatement qu'il fera l'objet d'une scène


tire-larmes


facile à la fin... Et on ne s'est pas trompé) et celles qui accentuent l'effet cartoonesque des personnages caricaturaux (le capitaine hystérique dont l'acteur joue comme une tarte, le second en trépied sympathiquement doublé par Alexis Tomassian mais


qui se fait tuer sur un coup de tête aussi inutile que ridicule


). Et l'on se demande toujours d'où sort l'idée d'incorporer de l'humour niais dans les scènes qui n'en avaient pas besoin, cassant complètement la crédibilité de l'ambiance : lorsque le chef mercenaire (encore un personnage joué sans aucune finesse ni profondeur) suggère lourdement que le capitaine


a une relation homosexuelle


avec le second... Ou lorsque les fillettes nous font un remake de Maman, j'ai raté l'avion avec leurs voiturettes piégeant les zombies... Et l'on ne se consolera pas par la scène-clé du film, les défis de survie dans une cage de catch face à une horde de zombies durant trois minutes (là, on avait ouvert un œil, intrigués par cette unique bonne idée depuis le début du film) mais filmé avec tant de spasmes et un montage hasardeux que l'on ne voit finalement rien de ce qu'il se passe dans cette arène, dommage (on a refermé l’œil à mis-clos, position du désintérêt que nous inspire ce film). Yeon Sang-ho nous surprend négativement, le papa de Busan nous a ici pondu un ersatz de film d'action hollywoodien sans âme ni talent de réalisation, un bide. D'autant plus si l'on a de l'affection pour le précédent film, on renie complètement Peninsula, un désastre.

Aude_L
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le 4 oct. 2020

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Aude_L

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