J'étais contente de lancer ce fim, ne pensant pas subir un wholesome movie de bourgeois qui fantasme sur un quinca qui nettoie les chiottes de Shibuya, et le tout en croyant probablement rendre hommage à son idole; Ozu. Comme quoi on est à l'abri de rien avec les occidentaux.
C'est une sorte de fantasme au "prolétaire fantastique", une idée selon laquelle "Le prolétaire (de gauche, on s'en assure en lui faisant lire Faulkner) est étonnamment merveilleux. En réalité, le bourgeois fantasme un prolétaire non pas comme quelqu'un en dehors de ses codes, mais plutôt comme un bourgeois encore meilleur, mais caché, parmi eux.
Si nous avions un film positiviste similaire mettant en scène une femme quinqua blanche prenant le RER à l'aube pour nettoyer les toilettes de la Gare de Lyon, et incarnant toute la subtilité imaginable en un être humain, cela susciterait probablement un vif débat. Cependant, dans ce cas-ci, avec un homme à Tokyo, les images captivent les Occidentaux, et il semble que dépeindre l'homme japonais comme capable de transformer ses tâches de prolo en quelque chose de merveilleux n'est pas considéré comme sexiste. Au contraire, cela touche les spectateurs blancs devant l'exotisme philosophique d'un travailleur japonais, dont les choses ne lui glissent jamais dessus. Le film est imprégné de ce fait de sexisme, si son héroïne était une femme, cela aurait été mal perçu par l'opinion éclairée, ce qui rend le film doublement sexiste au lieu de l'atténuer. Il perpétue le mythe classiciste du prolétaire authentique mâle cultivé, agrémenté d'une une pincée du "loser merveilleux" ou du "poète de la rue". Vraiment un film fait par un homme.
Il projette les mérites du prolétaire idéal à travers le prisme de ses propres obsessions, celles d'un bourgeois qui n'a jamais à nettoyer les déchets des autres dans son travail quotidien, mais qui pense pouvoir récompenser ceux qui le font à sa place en idéalisant ce prolétaire.
La belle réalisation, et lumière, qui donne envie d'aller à Tokyo à des gens comme moi qui n'ont pas envie d'aller à Tokyo, et pour le reste une immense déception. Il est temps que les citadingues qui ont louagé ce film, se reconnectent avec le réel (où pas, ils font ce qu'ils peuvent paraît-il).